TRIO LARIGOT
Publié le 25 septembre 2016, par Charles-Erik LabadilleLes paroles du Trio Larigot témoignent d’une volonté de s’inscrire dans le registre d’une chanson souriante. Leur auteur, Labadille a donc choisi la voie de l’humour et des jeux de mots qui permettent d’afficher l’incohérence de certaines situations ; il défend également avec plaisir des personnages taxés d’insignifiants par d’autres. Labadille est donc un fabuliste moderne : ses fables chantées, dont son maître Jean de La Fontaine n’aurait peut-être pas à rougir, traitent en particulier :
du Normand dont le triste caractère est un reflet du climat local :
Où est ce paradis Ce pays de cocagne
Qui sent le parapluie Et le passe-montagne
Tout petit j’en suis né N’en suis jamais sorti
Depuis vingt ans je vais Revoir ma Normandie
de ces transports en commun plus efficaces que la jaguar pour séduire les filles :
Moi je me sers de l’autobus Car j’y voyage sans problèmes
J’ai un chauffeur comm’ le Négus Pour le mêm’ prix j’ai un harem
Mais avoir autant de compagnes Ne m’empêch’ pas d’êtr’ prévenant
Et tous les soirs je raccompagne Un nombr’ de fill’s impressionnant
Et mêm’ si mes histoir’s d’amour Finiss’nt aux arrêts d’autobus
Je peux espérer qu’un beau jour L’un’ d’ell’s ira au terminus
des relations sentimentales d’un voyeur myope :
Trois à l’œil gauche et quatre à droite Quelque soit la pair’ de lunettes
Au trois quarts myope et astigmate Je vais surtout à l’aveuglette
Ça ne me gênerait pas beaucoup Si parfois pour me consoler
Des filles bien intentionnées M’aidaient à traverser les clous
de l’idylle enfin possible entre matheux et littéraires :
Et comme les mathématiques La passionnaient de plus en plus
Ils passèr’nt aux travaux pratiques Tout en parlant de cosinus
Et ils en fur’nt récompensés Car ils prouvèr’nt par A + B
Qu’1 + 1 au bout de neuf mois Ça fait pas deux mais ça fait trois
de ces enfants que, parfois, on pendrait plutôt par le cou que par la main… car comme le disait Alphonse Allais : « il y a des jours où l’absence d’ogre se fait cruellement sentir »… :
À huit ans nous écumions la Cité H.L.M. des Blancs Monts
Il n’y avait guèr’ que la Mama Pour nous faire entendre raison
Les épiciers et nos voisins Ne parlaient pas encor’ comm’ vous
De prendre un enfant par la main Mais de nous pendre par le cou
Il s’agit donc de chansons d’humour, souvent souriant, parfois mélancolique, ce qui n’aurait pas été pour déplaire à Raymond Queneau, un autre maître de Labadille. Pour la musique, les chansons du Trio Larigot sont plutôt swing. Ce balancement est dû au groove des deux autres Larigots (qui, on ne sait pourquoi, sont également appelés les frères GIVONE), à la ronde basse de Jean-Claude Givone et à la guitare décapante de Daniel Givone dont le célèbre Django n’aurait pas eu à rougir…
» Petit manuel pour construire soi-même sa propre centrale nucléaire » (C.E. Labadille)
3 albums de 2010 à 2016 (Trio Larigot)
2 albums de 1980 à 1986 (C.E. Labadille)