Aller au contenu

Pierre PERRET

Publié le 25 septembre 2016, par Charles-Erik Labadille
Pierre Perret
Pierre Perret

Curieusement, à bien y repenser, nous n’avons jamais été attiré par Pierre Perret : sa mine bien portante de fils de commerçant, le pied posé sur le tabouret et ses airs soutenus par l’accordéon nous le donnaient pour gentillet et cadraient mal avec une France des années 70 où nous étions happés par le Jimmy Hendrix et le Jimmy Page de Led Zeppelin ! Décalage… En fait, nous reconnaissons bien mal connaître son travail, si ce n’est au travers de succès plus subis qu’écoutés, car ressassés à leur sortie par les grandes stations de radio comme « Tonton Cristobal », « Les jolies colonies de vacances », « Le zizi »… Bref, cet homme-là avait tout pour ne pas nous plaire et la pire des vengeances était bien de ne pas l’écouter ! C’est ce que nous avons fait pendant bien des années, souriant pourtant parfois à l’écoute imposée de certains titres comme « Cuisse de mouche », « Le tord-Boyaux »… Puis les années ont passé, les angles se sont arrondis et nous avons jeté une oreille curieuse à l’imposante production de l’homme moins poupin, aux traits plus tirés et au regard qui laissait transparaître une sorte de bienveillance.

Alors, rendons à César ce qui appartient à… Certes, chez Pierre Perret, on trouve rarement ce non-sens, cette soif d’absurde, cette folie destructrice qui torture les mots, cette pataphysique —qui d’ailleurs ne plaît pas à tout le monde— qui fait tout le charme d’un Nougaro, d’un Sanseverino ou d’un Annegarn. Mais il faut bien admettre que Pierre Perret, au même titre qu’un Brassens, est un excellent fabuliste capable de brosser en deux coups de crayon les pays, les situations et les individus, à la fois ordinaires et pourtant si particuliers, vers lesquels il souhaite nous entraîner. Et puis il a, bien à lui, cette langue à la fois argotique, audiardesque et en partie inventée qui donne une couleur indéniable à ses chansons :

Aussi sec sans mollir quand on est dans c’métier Faut saigner le poulet quand y s’met à crier Mais cézigue à chaqu’ fois qu’il rencontrait les bourres Il avait les deux miches qui jouaient du tambour 
Pierre PERRET, La bérésina, 1962

Donc si on regrette de ne pas avoir porté plus tôt un œil attentif aux paroles de Pierre Perret, en revanche sa musique nous laisse toujours un peu sceptique. Pardon, Pierre Perret… Cependant, pour sa décharge et pour ce qui est de l’accordéon, il faut bien reconnaître que le musette n’est pas loin du swing et du manouche, demandez-le à Tony Murénat, Jo Privat, Gus Viseur, Marcel Azzola, Richard Galliano… !

 

« Pépé la jactance » (Pierre Perret)

29 albums de 1957 à 2014

Perret CD
Perret CD