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La guitare à Charlie : points techniques

Publié le 12 décembre 2023, par Charles-Erik Labadille

La guitare à Charlie est la synthèse de tous les points techniques présentés dans les différents articles consacrés aux oeuvres de Laurent Voulzy et Alain Souchon. Dans le sommaire qui suit, il suffit de cliquer sur le nom du chapitre qui vous intéresse pour accéder à son contenu.

La lecture d'une tablature

Allô maman bobo, Souchon / Voulzy, 1977

Allô maman bobo, A. Souchon / L. Voulzy, démo guitare par Salvéda 2023

Cantigas de Santa Maria XIIIe

Séquence extraite de « J’ai dix ans« . Article du 8 novembre 2022

La tablature permet de lire la musique lorsqu’elle est écrite pour guitare. Les 6 traits horizontaux (et non 5 lignes comme dans une portée classique) représentent les 6 cordes de la guitare Mi grave La Ré Sol Si Mi aigu, la Mi grave étant en bas (on met toujours les basses vers le bas en musique, ce qui est logique).

Les chiffres écrits sur ces cordes représentent les cases dans lesquelles se posent les doigts au cours du morceau. Bien souvent, ils se posent en groupe au début d’une mesure (main gauche) pour réaliser un accord complet que la main droite viendra égrener au fil de la mesure (et donc du temps) en arpège ou battement ; mais les doigts de la main gauche peuvent bouger en cours de mesure pour effectuer des « variations » sur cet accord (surveillez donc bien les chiffres indiqués).

Pour le rythme, c’est le même principe qu’en musique classique : les traits verticaux représentant les barres de mesures et séparant le morceau en parties égales de temps (mesures à deux temps, à trois temps, à quatre temps selon le morceau…). Les « queues » des notes (des chiffres) représentant leur durée : crochets pour les croches (0,5 temps), bâtons pour les noires (1 temps), bâtons avec un cercle blanc pour les blanches (2 temps), pas de queue pour les rondes (4 temps), points à côté du bâton pour augmenter la durée de la note de moitié (ex : croche pointée : ¾ de temps). Les figures de silences sont les mêmes qu’en solfège : demi-soupir > un demi temps, soupir § un temps, etc…

Bien sûr, vous pouvez utiliser votre pied pour « évaluer » la durée des notes et vous aider à jouer. Comme nous l’avons vu, on commence toujours avec le pied levé et il tombe sur le premier demi temps, il lève sur le second : un battement complet (montée-descente) : une noire ; un demi battement (montée ou descente) : une croche ; deux battements complets : durée d’une blanche… Si vous débutez, le reste viendra avec le temps, soyez patient et assidu.

Beaucoup d’autodidactes comme moi ont appris la musique avec les tablatures, surtout popularisées en France par le célèbre Marcel DADI dont il faut bien ici rappeler la mémoire. Sans avoir aucun intérêt commercial dans la proposition qui va suivre, j’utilise et vous conseille d’utiliser le logiciel « Guitare pro » qui permet d’écrire, d’écouter des tablatures et de les jouer.

La lecture d'une grille (d'accords)

Chitarrones XVIIe

Séquence extraite de « Y’a d’la rumba dans l’air ». Article du 4 décembre 2022 (album « Jamais content »)

En plus de la tablature, il existe un autre outil, très employé en musique, pour suivre rythmiquement et jouer un morceau : c’est la grille d’accords. En voici le principe.

Il faut tout d’abord connaître le type de mesure utilisé dans le morceau. En effet, il existe des chansons qui « fonctionnent » plutôt sur un rythme à 2 temps (mesures à 2 temps), à 3 temps, à 4 temps… Le « découpage » en mesures est donc indiqué par une fraction notée au début de la pièce musicale. Le chiffre du bas représente l’unité de temps choisie : 2 est le symbole de la blanche, 4 de la noire, 8 de la croche, et celui du haut le nombre d’unités dans chaque mesure (blanches, noires, croches…).

Commençons par les mesures binaires où chaque temps est divisible par deux (deux croches) ou un multiple de deux (par 4, 4 doubles croches…) : 2/4, il y a 2 noires par mesure donc 2 temps ; 3/4, 3 noires par mesure donc 3 temps ; 4/4, 4 noires par mesure donc 4 temps ; 2/2, 2 blanches par mesure donc 4 temps ; 4/2, 4 blanches par mesure donc 8 temps…

Attention les mesures à 6/8, 9/8, 12/8 sont dites « ternaires » et la croche (le 8 du dénominateur), au lieu de valoir un demi temps comme en binaire, vaut un tiers de temps ce qui change tout. En effet, en ternaire, chaque temps est cette fois divisible par 3 ou un multiple de 3 : 6/8, il y a 6 croches par mesure (chaque croche valant un tiers de temps) donc 2 temps ; 9/8, 9 croches par mesure donc 3 temps ; 12/8, 12 croches par mesure donc 4 temps. Nous reviendrons ultérieurement sur cette différence capitale entre « binaire » et « ternaire ».

« Y’a de la rumba dans l’air » est un 4/4. Quant au tempo (donné par un métronome ou une boîte à rythme), il donne la pulsation du morceau, disons sa vitesse. Une noire à 120 est une des vitesses les plus courantes, disons « moyenne ». Ici, nous sommes à 118…

Dans une grille, un carreau représente une mesure, c’est tout ce qu’il faut retenir pour l’instant.  Cette grille se suit de gauche à droite et de bas en haut en jouant les accords dont les noms sont écrits dans chacun des carreaux. 1 seul nom d’accord dans 1 carreau : il dure 4 temps. 2 noms d’accords dans 1 carreau : chacun dure 2 temps. 4 noms dans 1 carreau : chacun dure 1 temps. Une double barre avec deux points vous indique d’aller à la suivante et de rejouer la portion de grille située entre les deux doubles barres.

Si la grille vous indique donc quels accords faire à la main gauche (ce qui exige néanmoins de les connaître par cœur !) et pour combien de temps, le travail de la main droite n’est jamais renseigné comme dans une tablature qui est donc plus complète. Il faudra utiliser un battement ou un arpège que vous connaissez déjà, ou en trouver un dans le style du morceau, et le reproduire sur chacun des carreaux de la grille. Ajoutons qu’un accord noté RÉ/fa# signifie qu’il s’agit d’un RÉ avec un Fa# à la basse. Précisons enfin qu’une grille peut être écrite avec les noms d’accord en français, mais aussi en américain : le LA devient A, SI c’est B et ainsi de suite DO : C ; RÉ : D ; MI : E ; FA : F ; SOL : G et l’on revient à LA : A. Habituez-vous aux deux lectures car elles sont autant utilisées l’une que l’autre.

Rythme, pulsation, tempo et... taper du pied !

Mécaniques de guitare par Gallato

Séquence extraite de « J’ai dix ans ». Article du 8 novembre 2022

Gratter des notes ou des accords sur sa guitare est une bonne chose, mais les jouer en mesure, en rythme est essentiel. En effet, avec l’harmonie, le rythme est la seconde composante musicale naturelle, et si certaines fausses notes ne sont pas remarquées par les moins mélomanes, la plus petite erreur rythmique attire les gros yeux de tous les auditeurs, quelle que soit leur culture musicale ! Alors, essayons de comprendre les premiers rudiments de ce balancement régulier qu’on nommait hier le swing et qu’on appelle aujourd’hui le groove.

Pour mettre un premier pied dans ce monde délicat plein de chausse-trapes, nous vous proposons de vous associer à un partenaire très utile, justement votre pied (voire même vos deux pieds). Non, il ne s’agit pas d’une plaisanterie ou d’une de nos dernières fantaisies. Si bien des musiciens formidables destinés à de beaux parcours artistiques n’ont pas besoin de cet artifice un peu fruste et bruyant, bon nombre d’amateurs et d’autodidactes ne cherchant que le plaisir dans la musique doivent une fière chandelle à cet allié de choix capable de marquer les temps mais aussi de repérer les contretemps !

Voici donc le principe qui pourrait bien vous aider à décoller en affaire de rythme : le pied fait 2 mouvements sur lesquels on peut jouer : la descente qui, à la guitare, peut correspondre à un battement de la main droite vers le sol ; la montée qui, sur la même guitare, peut correspondre à un battement en direction du plafond ou du ciel, selon que l’on est entre 4 murs ou en plein champ… : ce grattage des cordes (on appelait encore il n’y a pas si longtemps les guitaristes des « gratteux ») peut se faire avec l’index seul de la main droite (pour un droitier), ou avec l’aide d’un petit triangle en plastique appelé « médiator » ou encore « plectre » tenu entre pouce et index. Mais il faut insister : nous disons bien mouvements, car quand le pied est arrivé en haut, ou arrivé en bas avec ce son très caractéristique de la semelle qui heurte le sol, tout est fini, tout est joué ! Il faut donc « apprendre » à taper du pied, à monter sa pointe le plus haut possible pour délimiter deux « durées » sur lesquelles on peut jouer : le moment où le pied monte, et le moment où il descend. Dite comme cela, la chose peut paraître primaire, un peu réductrice, mais le procédé garantit à terme d’éviter bien des pièges rythmiques, et il y en a.

Au démarrage, la main et le pied du guitariste doivent apprendre à fonctionner ensemble, synchro, un peu comme si la main tenait une ficelle actionnant les mouvements du pied (comme pour un pantin à fil) : la main se lève (et joue ou ne joue pas), le pied aussi ; la main tombe (et joue ou ne joue pas) et le pied aussi.

L’intérêt, c’est que vous allez pouvoir régler à votre souhait votre tempo, c’est-à-dire la durée que met votre pied pour effectuer les deux mouvements (descente et montée). Ce tempo donne donc la vitesse d’exécution d’un morceau, ou plus précisément la fréquence de la pulsation, ce bruit régulier du battement (que donne le métronome ou le pied qui tombe), impact qui sert de « point d’appui », de repère pour construire les différentes durées (valeurs) rythmiques. Ce tempo se donne en nombre de battements par minute : par exemple, la noire vaut 120, soit 120 battements par minute est un des tempos les plus courants en variété. Mais vous pouvez aller beaucoup moins vite au déchiffrage d’un rythme, c’est là tout l’intérêt, et même tout décomposer en allant jusqu’à séparer le moment où le pied tombe du moment où il monte : vous n’aurez plus qu’à jouer sur les « bons » mouvements de ce pied puis, une fois le rythme assimilé, accélérer. Nous insistons une troisième fois : taper du pied s’apprend, et cet apprentissage peut être plus ou moins long. Mais au bout, vous serez étonnés par vos progrès et leur rapidité.

Le "guitar picking" ou "finger picking" ou encore "picking" tout court

Guitare Ovation

Séquence extraite de « J’ai dix ans ». Article du 8 novembre 2022
Le picking apparaît en France au milieu des années 60, « importé » par les guitaristes-chanteurs Steve Waring et Roger Mason. Ils introduisent également un nouveau mode d’écriture de la musique, adapté à la guitare et moins « rébarbatif » que le solfège en publiant quelques-unes de leurs partitions sous forme de tablatures (voir dans cette rubrique la séquence  « La lecture d’une tablature »). Leur disque Guitare américaine Spécial instrumental avec tablatures paraît aux éditions Le chant du monde en 1970. Ces deux pionniers participent à la transmission de la guitare folk et à l’apprentissage du finger picking en publiant en 1971 L’anti-méthode de la guitare folk.

Ils vont bientôt être rattrapés par un outsider qui s’imposera comme le pilier incontournable du style picking. Marcel Dadi commence à se faire connaître dans le cadre des soirées du mardi du Centre américain du boulevard Raspail à Paris, ces Hootenanny organisés par Lionel Rocheman et auxquels participent de nombreux guitaristes, Waring, Mason, mais également Stefan Grossman, Michel Haumont, Hervé Cristiani, Dick Annegarn… Ses facilités à pratiquer un style de guitare encore peu connu vont le propulser en avant : apparitions à la télé, tenue d’une rubrique dans la revue Rock & Folk et sortie de son premier album en 1973 : La guitare à Dadi qui devient Disque d’or. Peu après, il publie La méthode de guitare à Dadi vendue à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et qui va véritablement vulgariser le picking. Entre autres, on trouve dans cette méthode la tablature de « La ligne Holworth » de Graeme Allwright qui deviendra un des standards français du guitar picking. Au moins à une période de leur carrière, certains guitaristes se sont fait une spécialité de cette technique de jeu : parmi les plus connus, citons Pierre Bensusan, Alain Giroux et Jean-Félix Lalanne (le frangin de Francis)…

Terminons ce court historique en citant le petit génie de la famille picking, le pataphysicien à la créativité débordante Dick Annegarn. Son jeu de guitare très original et « bien trempé » avec claquement des lignes de basse, percussions… a marqué toute une génération d’instrumentistes. Mais ce « Hollandais volant » à la voix grave et rocailleuse, apparaîtra et disparaîtra comme dans la légende maintes fois dans l’univers du show business. Plutôt flegmatique et discret, il semble ne jamais avoir trop prisé une vie médiatique encombrante.

Mais alors, en quoi consiste cette technique apparemment « prodigieuse ». À l’origine, elle tente de reproduire le style de jeu des pianistes de ragtime et a été pratiquée par de nombreux bluesmen et musiciens de country américains. Littéralement, il s’agit de « cueillir aux doigts (finger-picking) les notes. Et chaque doigt de la main droite va avoir un rôle particulier à jouer dans le cadre de cet arpège très rythmé. Comme au piano mais avec une seule main disponible (la gauche pour les droitiers), le guitariste doit pouvoir réaliser en même temps l’accompagnement (main gauche du pianiste) et la mélodie (main droite du pianiste) pour le morceau choisi.

Le rôle du pouce de la main droite est primordial et les 3 premières cordes (les plus grosses) lui sont réservées. Il alterne systématiquement deux basses en noires, donc 4 noires pour une mesure à 4 temps. Par exemple en DO majeur : do mi do mi. Cette alternance régulière des basses va assurer le soutien harmonique du morceau. Il est souvent maximisé chez les instrumentistes du style par l’utilisation d’un onglet de pouce qui « grossit » la puissance de cet accompagnement.

Les 3 autres doigts utilisés ont chacun « leur » corde spécifique : 3ème (sol) pour l’index, 2ème (si) pour le majeur et 1ère (mi) pour l’annulaire. Ils vont permettre d’enrichir l’harmonie si besoin est, et surtout de jouer la mélodie du morceau (comme le fait la main droite d’un pianiste).

Marcel Dadi, créateur de la "bible" des auto-guitaristes (1974)

Séquence extraite de « J’ai dix ans ». Article du 8 novembre 2022
Le picking apparaît en France au milieu des années 60, « importé » par les guitaristes-chanteurs Steve Waring et Roger Mason. Ils introduisent également un nouveau mode d’écriture de la musique, adapté à la guitare et moins « rébarbatif » que le solfège en publiant quelques une de leurs partitions sous forme de tablatures (voir dans cette rubrique la séquence  « La lecture d’une tablature »). Leur disque « Guitare américaine Spécial instrumental » avec tablatures paraît aux éditions Le chant du monde en 1970. Ces deux pionniers participent à la transmission de la guitare folk et à l’apprentissage du finger picking en publiant en 1971 « L’anti-méthode de la guitare folk ».

Ils vont bientôt être rattrapés par un outsider qui va bientôt s’imposer comme le pilier incontournable du style picking. Marcel Dadi commence à se faire connaître dans le cadre des soirées du mardi du Centre américain du boulevard Raspail à Paris, ces Hootenanny organisés par Lionel Rocheman et auxquels participent de nombreux guitaristes, Waring, Mason, mais également Stefan Grossman, Michel Haumont, Hervé Cristiani, Dick Annegarn… Ses facilités à pratiquer un style de guitare encore peu connu vont le propulser en avant : apparitions à la télé, tenue d’une rubrique dans la revue Rock & Folk et sortie de son premier album en 1973 : « La guitare à Dadi » qui devient Disque d’or. Peu après, il publie « La méthode de guitare à Dadi » vendue à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et qui va véritablement vulgariser le picking. Entre autres, on trouve dans cette méthode la tablature de « La ligne Holworth » de Graeme Allwright qui deviendra un des standards français du guitar picking. Au moins à une période de leur carrière, certains guitaristes se sont fait une spécialité de cette technique de jeu : parmi les plus connus, citons Pierre Bensusan, Alain Giroux et Jean-Félix Lalanne (le frangin de Francis)…

Terminons ce court historique en citant le petit génie de la famille picking, le pataphysicien à la créativité débordante Dick Annegarn. Son jeu de guitare très original et « bien trempé » avec claquement des lignes de basse, percussions… a marqué toute une génération d’instrumentistes. Mais ce « hollandais volant » à la voix grave et rocailleuse, apparaîtra et disparaîtra comme dans la légende maintes fois dans l’univers du show business. Plutôt flegmatique et discret, il semble ne jamais avoir trop prisé une vie médiatique encombrante.

Mais alors, en quoi consiste cette technique apparemment « prodigieuse ». À l’origine, elle tente de reproduire le style de jeu des pianistes de ragtime et a été pratiquée par de nombreux bluesmen et musiciens de country américains. Littéralement, il s’agit de « cueillir au doigts (finger-picking) les notes. Et chaque doigt de la main droite va avoir un rôle particulier à jouer dans le cadre de cet arpège très rythmé. Comme au piano mais avec une seule main disponible (la gauche pour les droitiers), le guitariste doit pouvoir réaliser en même temps l’accompagnement (main gauche du pianiste) et la mélodie (main droite du pianiste) pour le morceau choisi.

Le rôle du pouce de la main droite est primordial et les 3 premières cordes (les plus grosses) lui sont réservées. Il alterne systématiquement deux basses en noires, donc 4 noires pour une mesure à 4 temps. Par exemple en Do majeur : do mi do mi. Cette alternance régulière des basses va assurer le soutien harmonique du morceau. Il est souvent maximisé chez les instrumentistes du style par l’utilisation d’un onglet de pouce qui « grossit » la puissance de cet accompagnement.

Les 3 autres doigts utilisés ont chacun « leur » corde spécifique : 3ème pour l’index (sol), 2ème pour le majeur (si) et 1ère pour l’annulaire (mi). Ils vont permettre d’enrichir l’harmonie si besoin est, et surtout de réaliser la mélodie du morceau (comme le fait la main droite d’un pianiste).

La mesure à 4/4 et les différentes figures de rythme

Sillet de tête par Iguitare

Séquence extraite de « Bidon ». Article du 8 novembre 2022

Pour plus de régularité, mais aussi pour une plus grande facilité de lecture des morceaux de musique, ces derniers sont fragmentés en séquences de même durée appelées « mesures ». Comme c’est le cas pour « J’ai dix ans », « Bidon »…, la majeure partie de la chanson, du folk, de la pop et du rock, fonctionne sur de la mesure dite à 4/4, c’est-à-dire sur un découpage en périodes identiques de 4 pulsations sur lesquelles se calent, plus ou moins, les changements d’accords. Nous reviendrons ultérieurement sur les différents types de mesure dans l’article consacré à l’album « Y’a d’la rumba dans l’air ».

Maintenant que vous avez bien compris l’utilité de taper du pied, examinons les principales durées de notes ou de non-notes (figures de silence). Un petit exercice rythmique pour s’approprier chacune d’entre elles s’impose, à l’aide bien entendu de ce nouveau et pourtant déjà ancien compagnon de route, notre pied ! Rappelons une fois encore que l’on ne peut jouer que sur les mouvements du pied (montée ou descente) et que la main droite (en battements) et le pied travaillent en symbiose ou pour être plus clair, ensemble (dans des mouvements rigoureusement synchronisés).

Signification des symboles :

V : battement de la main vers le sol (bas).      A : battement de la main vers le ciel (haut).

V : mouvement du pied qui tombe.         A : mouvement du pied qui lève.

Voici les différentes valeurs rythmiques :

  • La croche dure 0,5 pulsation, donc vous faites un battement de la main vers le bas quand le pied tombe, un battement vers le haut quand le pied remonte.

Mim                       Lam                         Changement d’accords

1     2     3     4        1       2    3     4           Temps

V A V A V A V A    V A V A V A V A       Sens des battements de la main

V A V A V A V A    V A V A V A V A       Sens des battements du pied

  • La noire dure 1 pulsation. Vous faites un battement de la main vers le bas quand le pied tombe, vous remontez la main sans jouer quand le pied remonte. C’est la façon la plus simple de s’accompagner en chantant ; lorsque c’est fait avec du swing, cela s’appelle des « pompes ».

Mim                       Lam

1     2    3     4       1     2    3     4

V     V    V    V       V     V    V    V

V A V A V A V A    V A V A V A V A

  • La blanche dure 2 pulsations. Vous faites un battement de la main vers le bas quand le pied tombe sur le temps 1, votre main accompagne ensuite votre pied sans jouer et vous rejouez vers le bas sur la descente du pied au temps 3 et ainsi de suite.

Mim                       Lam

1     2    3     4        1     2    3     4

V           V               V           V

V A V A V A V A    V A V A V A V A

  • La ronde dure 4 pulsations. Vous faites un battement de la main vers le bas quand le pied tombe sur le temps 1 et votre main accompagne ensuite votre pied sans jouer sur les 3 autres temps avant de rejouer vers le bas sur le temps 1 de la seconde mesure en Lam.

Mim                       Lam

1     2    3     4        1     2    3     4

V                            V

V A V A V A V A    V A V A V A V A

  • Des croches à contretemps. Vous faites semblant de jouer vers le bas en même temps que le pied tombe, et vous jouez vers le haut quand il remonte sur le contretemps du temps 1. Vous faites de même sur les temps suivants.

Mim                       Lam

1     2    3     4        1     2    3     4

.  A     A    A     A       A     A     A     A

V A V A V A V A    V A V A V A V A

Le point ajoute la moitié de sa durée à la note considérée : la croche pointée dure 0,75 pulsation (0,5 + 0,25) ; la noire pointée dure 1,5 pulsation (1 + 0,5) ; la blanche pointée dure 3 pulsations (2 + 1) ;

  • Voici enfin un exercice pour vous faire comprendre l’importance du battement de pied comme point de repère rythmique. Vous allez jouer une noire pointée, une croche et deux noires par mesure. Pensez bien à synchroniser systématiquement votre main et votre pied aussi bien sur les mouvements montants que descendants. Notamment, il est important de faire semblant de jouer vers le bas sur le deuxième temps qui n’est pas joué pour avoir la main placée dans le bon sens pour pouvoir jouer en remontant la croche suivante (sur le contretemps de ce même temps 2). Au début, vous pouvez déchiffrer en séparant bien le mouvement descendant et le mouvement montant (opportunité que ne vous offre pas le métronome qui bat simplement la cadence…). Ensuite, quand main et pied commencent à être synchro, vous accélérez progressivement. Ce rythme sert de base pour jouer des morceaux latino, calypso, mambo… Dans tous les exercices proposés, pensez bien à changer d’accord en mesure, c’est-à-dire à ne pas faire de « trou » rythmique au passage du Mim au Lam. Il suffit d’adapter le tempo (plus ou moins lent, voire très lent) à vos capacités.

Mim                       Lam

1     2    3     4        1     2    3     4

V        A V    V       V        A V    V

V A V A V A V A    V A V A V A V A

C’est lorsque vous maîtriserez bien cet accompagnement de la main et du pied que vous pourrez passer aux croches pointées et aux doubles croches où votre pied sera un repère encore plus capital. Mais ne vous pressez pas trop, prenez le temps d’assimiler la première partie des exercices rythmiques. Il vous faudra alors apprendre à faire deux battements (des quarts de temps) sur un seul mouvement du pied (montée ou descente) et donc certains battements de la main seront alors dans le sens inverse de ceux du pied. Mais ce dernier vous assurera toujours un point d’appui et de repère sur le temps fort où, généralement, la main et le pied retrouveront leurs esprits et seront à nouveau dans le même sens de battement !

  • Exercice 1 croche / 2 doubles croches sur chacun des temps. La main joue deux fois vers le bas (sur la croche et la première double croche, ce qui suppose de remonter la main sans jouer entre les deux) et une fois vers le haut (sur la seconde double croche) pour retomber sur le temps suivant dans le même sens que le pied. Ha là là ! Nos affaires se compliquent, mais rien de grave, vous verrez à la longue…

Mim                 Lam                        Mim                 Lam

1          2           3           4                1           2          3           4

V    VA V    VA  V   VA  V    VA        V    VA  V   VA  V    VA  V    VA

V    A    V    A    V    A    V    A          V    A    V    A    V    A    V    A

 la longue justement, vous pourrez aussi marquer les pulsations avec les deux pieds, une fois le droit, une fois le gauche, temps après temps. Cette technique permet de s’habituer à voir la mesure débuter avec le pied droit (une fois sur deux), ce qui est tout à fait utile dans certaines circonstances… (arrivée la plus fréquente des nouveaux d’accords, accords qui durent plusieurs mesures…).

Des figures de silences correspondent aux différentes valeurs rythmiques que nous venons de voir. Elles indiquent, cette fois, qu’il n’y a pas de note à jouer pendant cette durée et même que la note précédente doit s’arrêter pour obtenir un véritable arrêt du son ce qui, dans les faits, est plus dur à réaliser, notamment à la guitare.

  • Le quart de soupir équivaut à une double-croche (1/4 de pulsation) sans jouer ;
  • Le demi-soupir noté > équivaut à une croche sans jouer ;
  • Le soupir noté ʒ ou < équivaut à une noire sans jouer ;
  • La demi-pause (petit rectangle sur une ligne) équivaut à une blanche sans jouer ;
  • La pause (petit rectangle sous une ligne) équivaut à une ronde sans jouer.

Le point ajoute également la moitié de sa durée à la figure de silence :

  • Le demi-soupir pointé équivaut à la croche pointée sans jouer (3/4 de pulsation) ;
  • Le soupir pointé équivaut à la noire pointée sans jouer (1,5 pulsation) ;

La demi-pause pointée équivaut à la blanche pointée sans jouer (3 pulsations).

Tonalité, capodastre, open tuning, renversements d'accords

Guitare espagnole du début XIXe (Drouot)

Séquence extraite de « Bidon » 1976. Article du 15 novembre 2022

La notion de « tonalité » ramène à la gamme dans laquelle est joué le morceau. En Occident, cette gamme contient 7 notes et la première (premier degré noté I) s’appelle la « tonique » : c’est elle qui donne le ton, la tonalité de la chanson. Dans la tonalité de DO, c’est donc la gamme de do : do (I), ré, mi, fa, sol, la, si, do, qui est utilisée. Dans le ton de LA, c’est celle de la : la (I), si, do#, ré, mi, fa#, sol#, la et ainsi de suite (voir le point 10-11 de ce chapitre).

En composition musicale, une tonalité peut être choisie plutôt qu’une autre selon plusieurs critères : la hauteur du chant plus ou moins aigu ou grave ; un enchaînement particulier d’accords qui se fait plus facilement dans un ton que dans un autre (c’est particulièrement vrai à la guitare) ; et aussi, le hasard… « Bidon », par exemple, a été enregistré en SOL majeur et en LA majeur. Un artiste peut également enregistrer plus « haut », pour afficher ses performances vocales, et chanter sur scène plus « bas », pour ménager sa voix.

Pour les interprètes, la tonalité choisie par le compositeur peut ne pas convenir : il s’agit par exemple d’une femme qui reprend un morceau créé par un homme, ou vice versa, ou d’un chanteur dont les dispositions vocales sont différentes des vôtres (basse, baryton, ténor, alto, soprane…). Il faut alors « transposer » la chanson, c’est-à-dire en changer la tonalité pour en choisir une nouvelle qui vous convienne mieux.

Cela peut s’opérer « mécaniquement » : on ajoute le même nombre de ton choisi à chaque note et chaque accord du morceau ou, à la guitare, on se sert d’un capodastre, encore appelé capo. C’est d’une grande facilité car ce petit instrument va vous transposer le morceau, case après case, demi-ton après demi-ton, sans changer les renversements d’accords qui étaient joués au départ (c’est-à-dire les « positions » d’accords d’origine). Donc, le capo est un petit « collier » qui s’accroche au manche à une case choisie pour changer la tonalité du morceau. Un exemple : la chanson est dans la tonalité de DO et commence par l’accord de DO ; si vous attachez le capo à la case 2, et si vous refaites le même accord de DO derrière le capo, vous jouez maintenant dans le ton de RÉ : DO + 2 cases (2 demi-tons) = RÉ.

Précisons que le capo ne permet pas normalement de « transposer » vers le bas (plus grave), c’est logique : case 1, je monte d’un demi-ton ; case 2, je monte de 2 demi-tons (ou 1 ton), et ainsi de suite… Mais en dessous de la case 0 (guitare à vide, sans mettre de doigts), ça n’existe pas ! Cependant, plus le capo est attaché haut, plus le morceau monte donc pour s’accorder, à un moment donné, avec le timbre de voix de chacun. Et, lorsqu’il arrive vers la septième case et au-delà, la voix peut soit monter, mais aussi descendre une octave en-dessous, ce qui permet ainsi de chanter beaucoup plus grave et de « récupérer » des tonalités plus basses que celles de l’original. Néanmoins, à partir de la 7ème case, la guitare est de moins en moins « praticable » dans ces cases supérieures qui deviennent de plus en plus étroites, sans compter avec « l’arrivée » de la caisse de la guitare qui va bientôt bloquer le déplacement de la main gauche !

« L’open tuning » est une autre technique qui permet de jouer sur la tonalité. En fait, on accorde la guitare différemment pour obtenir, sans poser de doigt sur le manche, un accord dit « accord ouvert ». La guitare n’est donc plus accordée mi la ré sol si mi, mais par exemple ré la ré fa# la ré (accord de Ré majeur) ou ré sol ré sol si ré (accord de Sol majeur). La guitare, entièrement baissée d’un demi-ton : mib lab réb solb sib mib, permet de chanter un peu plus grave ou de jouer dans le ton de MIb avec des accords « à vide » (sans barrés). Cet accordage est aussi utilisé en blues pour avoir des cordes plus « molles » qui permettent mieux les poussés (choke).

Revenons enfin, pour conclure, sur le terme de « renversements » d’accords : ce sont les différentes manières de faire le même accord sur le manche de la guitare. Par exemple, le Do majeur peut se faire à vide (case 0), en barré à la case 3, en barré à la case 8. Donc, choisir des renversements d’accords que l’on peut décaler sur le manche (par exemple des barrés) permet, potentiellement, de changer la tonalité d’un morceau.

La gamme majeure

Django sur sa Selmer

Séquence extraite de « Allô maman bobo » 1977. Article du 4 décembre 2022 (album Jamais content)

En 2014, « Allô maman bobo » a été joué par Souchon et Voulzy en FA majeur. Nous vous en avons proposé une version en Sol majeur. Revenons sur cette notion essentielle de tonalité. Elle sera très utile pour comprendre sur quels principes harmoniques peuvent se construire les morceaux (voir l’article « Jamais content », chanson J’ai perdu tout c’que j’aimais »).

Dans la musique « classique » européenne, la tonalité peut se définir comme « notre » langage musical, établi à la fois : sur une gamme (succession) de 7 notes nommée par la première d’entre elle (appelée tonique, celle qui donne le ton) : gamme de Do, gamme de Ré… ; et sur son mode, majeur ou mineur (gamme de Do majeur, gamme de Do mineur…) qui repose sur la disposition des tons et des demi-tons dans cette gamme.

En effet, les sons (appelés degrés) utilisables dans notre musique se suivent demi-ton par demi-ton, ce qui n’est pas le cas de toutes les gammes (orientales, africaines…). Cet ensemble composé de 12 degrés s’appelle la gamme (ou échelle) chromatique. Elle est composée de 7 degrés et 5 notes intermédiaires nommées « altérations » (dièses ou bémols) :

Do    Do#     Ré     Ré#     Mi     Fa       Fa#    Sol     Sol#    La     La#    Si. Elle peut s’écrire également :

Do    Réb     Ré      Mib    Mi     Fa       Solb   Sol     Lab     La     Sib     Si.

0,5      0,5   0,5        0,5    0,5    0,5       0,5    0,5      0,5   0,5   0,5

car le # (dièse) augmente la note considérée d’un demi-ton, le b (bémol) la diminue d’un demi-ton.

Dans la musique occidentale nous utilisons la gamme diatonique, dite gamme de Pythagore (eh oui, ce matheux né vers 580 avant J.-C. ne s’intéressait pas qu’au théorème et avait déjà décidé de mettre la musique « en boîte » !). Par rapport à l’échelle chromatique, elle n’a que 7 notes et pour cette raison est appelée gamme « heptatonique » (hepta : sept). La gamme diatonique majeure compte 5 tons et 2 demi-tons disposés dans l’ordre suivant :

Do                Ré                  Mi        Fa                 Sol                 La               Si          Do (octvave)

1                  1                 0,5              1                    1                  1             0,5

Elle est caractérisée par sa note de départ (ici Do) appelée tonique, et par la succession des intervalles suivants : Ton     Ton  Demi-ton Ton Ton  Ton   Demi-ton. Dans cette gamme majeure les demi-tons sont donc placés entre le 3ème et le 4ème degré, et le 7ème et le 8ème degré. Il suffit donc de respecter cette règle pour construire les autres gammes majeures. On écrit d’abord les degrés, par exemple en sol en commençant par la note Sol (la tonique) et chaque degré doit porter un nom différent, c’est capital pour la suite :

Sol                  La                  Si           Do                 Ré                Mi                 Fa       Sol (octave)

I                      II                    III           IV                  V                  VI                  VII        VIII

Et l’on ne s’arrête surtout pas là (car, ô désespoir, nous sommes toujours en Do…) mais on applique ensuite la seconde règle concernant la succession des intervalles : « ton ton demi-ton ton ton ton demi-ton » en utilisant, quand c’est nécessaire, les altérations pour que la nouvelle gamme s’adapte au modèle choisi. Ici, on a :

Sol                  La                  Si           Do                 Ré                Mi                 Fa          Sol (octave)

1                    1              0,5              1                    1                  0,5             1

Ici, les intervalles sont bons jusqu’au MI, c’est après que ça coince. Il faut donc augmenter l’intervalle Mi-Fa d’un demi-ton en utilisant un dièse : Mi-Fa#, ce qui, par chance corrige l’intervalle suivant qui passe de 1 ton à 1 demi-ton Fa#-Sol

Sol                  La                  Si           Do                 Ré                Mi                 Fa#          Sol (octave)

1                    1              0,5              1                    1                  1                0,5

La gamme de sol se reconnaît donc au fait de commencer par sol (sa tonique) et d’avoir une seule note altérée, le Fa#.

C’est dans cette tonalité de SOL qu’Alain Souchon et Voulzy chantent « Bidon » en 2014 (dans Le concert).

Essayons notre petite gymnastique pour la seconde tonalité utilisée à l’origine pour Bidon (en 1976), celle de La :

La                    Si                    Do#         Ré                 Mi                Fa#                 Sol#            (La octave)

1                        1                 0,5               1                  1                     1                 0,5

Pour respecter l’ordre   Ton  Ton  Demi-ton Ton  Ton  Ton Demi-ton, nous sommes obligés cette fois d’altérer le Do en Do#, le Fa en Fa# et le Sol en Sol#. La gamme de LA se reconnaît donc au fait de commencer par La et d’avoir trois dièses cette fois (Fa#, Do#, Sol#). Certaines gammes vous obligeront à utiliser les bémols pour accomplir votre mission. Voyons Fa par exemple :

Fa                    Sol                   La          Sib                   Do                 Ré                  Mi        Fa (octave)

1                        1                  0,5               1                      1                     1              0,5

La gamme de FA a donc 1 bémol, le Sib

Au final, chaque gamme se reconnaît à son nombre différent de notes altérées (dièses ou bémols). Voici les gammes majeures les plus utilisées.

DO : ni dièse ni bémol.

SOL : 1 # Fa#.     : 2 # Fa# Do#.    LA : 3 # Fa# Do# Sol#.    MI : 4 # Fa# Do# Sol# Ré#.    SI : 5 # Fa# Do# Sol# Ré# La#.

FA : 1 b Sib.   SIb : 2 b Sib Mib.   MIb : 3b Sib Mib Lab.    LAb : 4 b Sib Mib Lab Réb.    RÉb : 5b Sib Mib Lab Réb Solb

Et n’oublions pas, malgré toutes ces mathématiques, ce qui reste l’essentiel. La tonalité, ou si l’on préfère la gamme, c’est l’assise d’un morceau de musique. Elle permet, sur ses notes, de construire les mélodies, mais aussi les accords qui les accompagnent. Elle offre l’opportunité de pouvoir être « changée » (transposée, voir l’article tonalité, capodastre…) pour, par exemple, mieux convenir à différents types de voix, trop hautes ou trop basses pour s’accorder à la tonalité d’origine.

Les intervalles

Guitare baroque jouée par Isabelle Villey

Séquence extraite de « Jamais content ». Article du 4 décembre 2022

Dans « Allô maman bobo », nous avons vu que la gamme majeure est composée de 7 degrés séparés entre eux par des demi-tons et des tons. Revenons sur cette notion d’intervalle qui peut séparer deux notes successives.

Un intervalle, c’est la distance en tons et demi-tons, qui sépare un degré (une note) d’un autre. L’acquisition de cette notion permet, entre autres, de comprendre comment sont composés les accords et, sur votre guitare, de mieux appréhender les renversements (les doigtés) qu’au début, on a tendance à apprendre par cœur. Ainsi, au cours du temps, la logique peut épauler la mémoire qui, avouons-le, a toujours ses limites…

Ces intervalles sont composés par les degrés (les poteaux…) et les distances (les intervalles) qui séparent ces derniers. Chacun d’entre eux portent des noms spécifiques. Voyons lesquels, en commençant par les poteaux :

Les degrés ont conservé, pour la plupart, la nomenclature issue du latin : degré I, tonique (lorsqu’il s’agit d’une gamme) ou fondamentale (lorsqu’il s’agit d’un accord) ; degré II, seconde ; degré III, tierce ; degré IV, quarte ; degré V, quinte ; degré VI, sixte ; degré VII, septième ; degré VIII, octave. En DO :

do                   ré                 mi                fa                 sol                  la               si                      do

I T ou F          II Seconde   III Tierce     IV Quarte   V Quinte    VI Sixte    VII Septième   Octave

Pour plus de facilité, ces degrés (et l’intervalle qu’ils forment avec une note choisie comme « point de départ »), peuvent se compter sur les doigts de la main. Exemple : do-mi, 1 2 3 : tierce. mi-ré, 1 2 3 4 5 6 7 : septième…

Comme nous savons maintenant qu’il existe 2 mi possibles (mi et mib), l’intervalle le plus grand est qualifié de majeur, le plus petit de mineur. Voilà donc le nom des intervalles les plus fréquents :

fa#                  sol#

do    réb      ré       mib     mi     fa      solb      sol      lab       la        sib        si        do

T       2m      2M     3m      3M    4j      5dim     5j       6m       6M     7m       7iM    8 j

I        II           II        III        III       IV      V            V       VI         VI        VII        VII      VIII

On peut retenir que les intervalles de secondes, tierces, sixièmes (ou sixtes) et septièmes peuvent être mineurs (m) ou majeurs (M). Les quartes, quintes et octaves, définies comme justes (j) peuvent être pour leur part diminuées (dim ou -) ou augmentées (aug ou + ici fa# : 4+ ; sol# : 5+…).

Dans la composition des accords (harmonie), les intervalles les plus utilisés sont :

L’intervalle de quinte juste. Il n’est jamais mentionné dans le nom de l’accord. Pour do c’est la note sol. Le nom de l’accord est DO.

L’intervalle de tierce mineure (1 ton et demi). Pour do c’est la note mib. Il est mentionné dans le nom de l’accord par un m minuscule qui suit le nom de la fondamentale. Le nom de l’accord est DOm.

L’intervalle de tierce majeure (2 tons). Il n’est jamais mentionné dans le nom de l’accord. Pour do c’est la note mi. Le nom de l’accord est DO.

L’intervalle de septième mineure (5 tons). Pour do c’est la note sib. Il est mentionné dans le nom de l’accord par un 7 qui suit le nom de la fondamentale. Le nom de l’accord est : DO7.

i’intervalle de septième majeure (5 tons et demi). Pour do c’est la note Si. Il est mentionné dans le nom de l’accord par un 7M qui suit le nom de la fondamentale. Le nom de l’accord est DO7M.

Pour les autres intervalles, en général, on inscrit leur chiffre après le nom de la fondamentale. Exemple : un accord de DO avec la note la : DO6. Un accord de DO avec la note Ré : DO2. Un accord de DO7 avec la note ré : Do9 (7 + 2 = 9)…

Mesure et changement de mesure dans un morceau binaire

Barrages de table d'harmonie, Robert Bouchet

Séquence extraite de « Y’a d’la rumba dans l’air »

Reprenons (point 8 page x) pour commencer et approfondissons les notions de mesure déjà présentées. En chanson, et en musique folk, pop, rock, le type de mesure le plus utilisé est le 4/4. Comme nous l’avons vu, la mesure correspond à un découpage mathématique du morceau et la partition est donc « tronçonnée » en plusieurs fragments d’une même durée. La mesure est indiquée au début du morceau sous forme de fraction. Le chiffre inscrit au dénominateur de la fraction (le chiffre du bas) correspond à l’unité de durée choisie :

  • le chiffre 1 correspond à la ronde qui dure 4 temps, c’est l’unité de base
  • le chiffre 2 correspond à la blanche qui dure 2 temps (il y a 2 blanches dans 1 ronde)
  • le chiffre 4 correspond à la noire qui dure 1 temps (il y a 4 noires dans 1 ronde)
  • le chiffre 8 correspond à la croche qui dure 1 / 2 temps (il y a 8 croches dans 1 ronde)…

Le chiffre du numérateur de la fraction (le chiffre du haut) indique le nombre d’unités qu’il y a dans chaque mesure. Ainsi, 4/4 indique qu’il y a 4 noires par mesure, donc 4 temps par mesure. Cette fraction est notée au début de la partition, parfois remplacée par un C qui veut dire la même chose. Le morceau est donc découpé en portions (mesures) de 4 temps et, en règle générale, les changements d’accords se calent sur ce découpage. Dans une grille d’accords (voir l’article « Y’a d’la rumba dans l’air »), chaque carreau représente une durée de 4 temps et le nom de l’accord à jouer est écrit à l’intérieur.

La mesure à 2/4, moins fréquente, correspond à un morceau où l’essentiel des accords changerait toutes les 2 noires, donc tous les 2 temps. La musique traditionnelle est assez riche en morceaux à deux temps.

La mesure à 3/4 est fréquente, toujours en musique folk mais aussi en classique. Ce découpage correspond, entre autres, au rythme de la valse : 1 2 3, 1 2 3, 1 2 3…

La mesure à 5/4 (5 temps par mesure) reste confidentielle et souvent l’œuvre d’amateurs éclairés.

Le cas de la mesure à 2/2 est un peu plus compliqué à cerner. Dans les faits, on peut considérer qu’il y a le même nombre de temps qu’en 4/4 (puisque 2 blanches valent 4 noires), mais la pulsation (chaque fois que le métronome se fait entendre) est deux fois moins présente puisque le « balancement » du rythme se cale sur les blanches. On utilise le 2/2 lorsque l’on souhaite marquer moins d’appuis (marquer l’appui est justement une fonction des unités de temps), la musique est plus aérienne, cet aspect est souvent développé dans les musiques latines. Le 2/2 s’écrit aussi Ȼ.

Il est possible de changer de mesure au cours d’un morceau, tout simplement parce que le « balancement » change et se règle sur un nombre de points d’appui (pulsations) différents. Ce changement de mesure est inscrit sur la partition par l’arrivée d’une nouvelle fraction : par exemple 3/4  qui succède à 4/4 et ainsi de suite… Ce changement peut intervenir sur des longues séquences, mais aussi parfois pour une seule mesure. C’est le cas dans « Quand j’s’rai KO », morceau 4/4 où une mesure à 2/4 s’inscrit de temps à autre sur l’accord de RÉb. Alain Souchon est un amateur du genre car dans « Le baiser », c’est une mesure à 5/4 qui s’invite parfois dans la partition (au niveau de « le vent de Belgique… » et du LAb7M), ou encore dans « Caterpillar », mesure à 5/4 sur « souvent au marteau-piqueur » et FA#m7…

Guitare Favier, modèle Olivier

L'harmonisation de la gamme majeure

ET SI IL NE FALLAIT RETENIR QU’UNE REGLE…

Séquence extraite de « Bidon ».

Qu’est-ce que c’est que cette histoire de 7 accords possibles sur une gamme majeure ??? Eh bien, pour ceux qui veulent faire de la chanson (en jouer, en composer…), c’est une des règles les plus importantes mais surtout les plus utiles !!! S’il n’y en avait qu’une à retenir… Alors, nous allons vous en donner les clés ici, et vous inviter à consulter La guitare à Charlie « L’harmonisation de la gamme majeure » page x si vous souhaitez comprendre d’où viennent ces résultats.

Sur chaque note d’une gamme, par exemple celle de :

DO = do ré mi fa sol la si do, qui servent à « fabriquer » la mélodie de la chanson, peuvent se construire des accords qui seront « justes » avec cette mélodie et pourront l’accompagner.

En DO : DO majeur, RÉ mineur, MI mineur, FA majeur, SOL majeur 7, LA mineur, SI mineur 7 quinte diminuée.

Ces « résultats » peuvent être « généralisés » :

DO : I ; RÉm : IIm ; MIm : IIIm ; FA : IV ; SOL7 : V7 ; LAm : VIm et SIm7/5b : VIIm7/5b et s’appliquer à n’importe quelle gamme (celle-ci donnant sa « tonalité » au morceau).

Transposons ces résultats dans la tonalité de RÉ (où deux notes sont #, le fa et le do) on obtient les accords suivants qu’on peut utiliser (ou non) dans une chanson en RÉ :

I : RÉ majeur ; IIm : MI mineur ; IIIm : FA# mineur ; IV : SOL majeur ; V7 : LA majeur 7 ; VIm : SI mineur ; VIIm7/5b : DO# mineur 7 quinte diminuée.

Et dans la tonalité de SOL majeur (ou le fa est #), cas de la chanson « Bidon » : SOL, LAm, SIm, DO, RÉ7, MIm, FA#m7/5b, le compositeur aurait pu utiliser sans « problème » harmonique ces sept accords. Comme nous l’avons dit, Laurent Voulzy n’en a choisi que 5. Le grand intérêt de cette « règle », c’est qu’elle fonctionne sur la grande majorité des morceaux. Le plus grand plaisir d’un musicien, quand il l’a bien assimilée, c’est d’en sortir sans que cela ne s’entende ou pour amener des couleurs originales à son œuvre.

Le principe de l’harmonisation de la gamme majeure

Séquence extraite de « 18 ans que j’t’ai à l’œil », 1977. Article du 4 décembre 2022 (album Jamais content)

Dans nos civilisations occidentales, la gamme majeure a été choisie pour construire les mélodies, c’est-à-dire jouer des notes les unes après les autres (lecture horizontale). On peut également jouer des notes en même temps (lecture verticale), on parle alors d’accords et d’harmonie. Et, bien entendu, on peut enfin produire des accords conjointement à une mélodie pour créer un « accompagnement », c’est ce que l’on fait dans tous les styles de musique, classique, chanson, variété, blues, jazz… Mais comment faire pour que ces accords sonnent « justes » avec la gamme sélectionnée. En fait, il suffit de respecter deux règles.

  • Pour être « harmonieux », tout d’abord, l’accord ne doit utiliser que des notes déjà présentes dans la gamme
  • Ensuite, cet accord doit être composé de successions de tierces, un intervalle plutôt consonant, c’est-à-dire que l’oreille l’accepte assez facilement (opposé à dissonant).

Ces tierces (chiffre 3) peuvent se compter sur les doigts : do ré mi, 1 2 3, mi est la tierce de do ; mi fa sol, 1 2 3, sol est la tierce de mi ; mais sol est également la quinte (chiffre 5) de do : do ré mi fa sol, 1 2 3 4 5 (toujours en comptant sur les doigts !). Donc, on peut continuer comme ça en ajoutant une nouvelle tierce sol la si, si est la tierce de sol, mais aussi la septième de do : do ré mi fa sol la si, 1 2 3 4 5 6 7 et ainsi de suite…

Lorsque l’on maîtrise la nature des différents intervalles : majeur, mineur, juste, augmenté, diminué, on peut alors nommer les différents accords obtenus. Reprenons justement les deux exemples, avec la gamme de de SOL majeur (1 #) : « 18 ans que j’t’ai à l’œil » ; et avec celle de RÉ majeur (2 #) : « J’ai perdu tout ce que j’aimais ».

En SOL majeur (1# à la clé) : 18 ans…

ré        mi        fa#       sol       la         si         do  :   quintes

si         do         ré        mi        fa#      sol       la   :    tierces

sol       la          si          do       ré        mi       fa# :   gamme de SOL

Sol       Lam      Sim      Do       Ré       Mim    Fa#m/5b : accords

I            II           III         IV         V         VI         VII :      degrés

En RÉ majeur (2 # à la clé) : J’ai perdu…

la         si          do#        ré        mi      fa#       sol   :   quintes

fa#       sol        la           si         do#    ré         mi   :   tierces

ré         mi        fa#         sol       la        si         do# :   gamme de RÉ

Ré        Mim     Fa#m     Sol      La        Sim     Do#m/5b : accords

I            II           III            IV        V         VI        VII :           degrés

Dans 18 ans…, on trouve 5 accords de la gamme de SOL : SOL (I) LAm (II) DO (IV) RÉ (V) MIm (VI). Le MIm qui donne sa couleur au morceau est placé sur le VIème degré de la gamme.

Dans J’ai perdu…, on trouve 6 accords de la gamme de RÉ : RÉ (I) MIm (II) FA#m (III) SOL (IV) LA (V) SIm (VI). Le MIm qui donne sa couleur au morceau est placé cette fois sur le second degré de la gamme majeure.

Bien que les deux morceaux semblent être en MIm (seul « 18 ans… » est en MI mineur au sens « classique » du terme), ce procédé a permis à Laurent Voulzy d’obtenir une ambiance différente dans les deux chansons car si elles possèdent des accords en commun (SOL, RÉ, MIm), chacune a également des accords bien à elle : LAm, DO pour « 18 ans »…, et FA#m, LA, SIm pour « J’ai perdu »…

Les résolutions

Guitare Selmer jouée par Django, Musée de la musique

Séquence extraite de « Rockollection » 1977. Article du 7 janvier 2023

Pour amener les différentes reprises, Laurent Voulzy se sert d’une règle de composition qu’on nomme « une résolution ». Voyons donc ça… Le principe même d’un morceau, c’est de tourner en boucle, de se répéter pour durer plus longtemps. À la fin du thème, lorsqu’il a été exposé, il faut donc trouver une structure harmonique qui relance le morceau en ramenant à son premier accord. C’est le rôle du cinquième accord (V7) construit sur la gamme utilisée : c’est un accord à quatre notes, donc un accord avec une septième en plus des trois autres notes qui forment l’accord : fondamentale, tierce majeure, quinte juste. C’est donc un accord majeur auquel on ajoute une septième mineure.

Cet accord septième (noté par exemple DO 7) sert donc de « résolution » (harmonique) au morceau et l’on ne peut conclure sur lui car il a un « goût » d’inachevé… En revanche, il conduit naturellement au premier accord du morceau. Et, c’est notre jour de chance, cet accord septième (DO 7) ramène aussi bien à un accord majeur (FA) qu’à un accord mineur (FA m). On peut également dire que comme accord de résolution, cet accord 7ème amène toujours un accord situé 2 tons et demi au-dessus de lui. Cette nouvelle petite règle risque de vous servir bien des fois !

Travaux pratiques avec Rockollection ! Le Si7 qui accompagne les mots « au corps » en fin de premier couplet amène bien le Mi de « Ev’rybody’s » du début de Loco-Motion. Comptons sur nos doigts : mi fa sol la si, SI est bien le Vème degré en partant de MI. Si Laurent Voulzy avait voulu revenir au début du morceau, ce SI7 aurait pu tout aussi bien ramener au MIm d’intro (« On a tous dans… »). Ce même SI7 amène le MI de « Hard day’s night », la deuxième reprise. Plus loin, quand la tonalité monte d’un demi-ton, c’est un DO7 qui amène le FAm : fa sol la si do, 1 2 3 4 5… Et dans un rock, un blues, c’est bien cet accord septième qui fait « tourner » le I – IV – V. Exemple du blues en SOL : SOL (I)  DO (IV)  RÉ 7 (V7).

Le I IV V

Guitares portugaises, source Wikipedia

Séquence extraite de « Bubble star » 1978 Article du 23 février 2023

Revenons aux accords qui peuvent se construire sur la gamme diatonique (voir l’article L’harmonisation de la gamme majeure extrait de l’article « Jamais content »).

Nous avons vu que les accords construits sur les degrés I  IV  et V sont tous les trois des accords majeurs. C’est tout bêtement ce qui donne son nom à cette séquence particulièrement utilisée dans toutes les musiques, le I  IV  V. En tonalité de DO, c’est la succession dans un morceau de DO  FA  SOL  (n’oubliez pas de compter sur vos doigts, le I étant la tonique), passés dans un ordre ou dans un autre (au choix du compositeur). En tonalité de SOL, ce sera SOL   DO   RÉ ; en tonalité de MI,  ce sera MI   LA   SI… Mais n’oubliez pas les dièses ou les bémols de certaines gammes. Par exemple en FA, ce sera FA  SIb  DO, ou en SI ce sera SI  MI  FA#… Cette succession de ces trois accords majeurs est la base de la construction de la plupart des morceaux folkloriques, du blues aussi et du rock qui, si on y réfléchit, sont aussi des morceaux folks, au sens de populaires, comme d’ailleurs bien des « musiques du monde ». L’introduction d’une quatrième note dans chaque accord peut amener des sonorités plus riches qui, cette fois, sonneront plus jazzy : en DO par exemple, DO7M    FA7M    SOL7…

Mais on peut encore pousser le bouchon un peu plus loin… Si, au lieu de commencer le morceau par le premier accord, on le débute par le sixième accord de cette même gamme majeure, en DO par exemple, on tombe sur l’accord de LAm. L’accord est cette fois mineur et la chanson va nous paraître plus « triste ». De ce LAm (sixième degré), on peut tenter un nouveau I  IV  V : LAm (Im)  RÉm (IVm)  MIm (Vm). Nous voilà donc avec un nouveau morceau, plus mélancolique, composé de 3 accords mineurs, d’où son nom de I IV V mineur. Cette structure mineure, sur laquelle toutes les notes de la gamme de DO sonnent justes, est également un pilier de la musique mondiale.

Pour conclure, sur une gamme diatonique majeure, on peut jouer deux types de I IV V : un I IV V majeur, DO  FA SOL et un I IV V mineur LAm  RÉm MIm (en fait un VI II III).

Les sonorités particulières des accords septièmes majeures

Saz (Turquie) joué par Ismail Hakki Demircioglu (philarmonie de Paris)

Séquence extraite de « Le Coeur grenadine » 1979. Article du 23 février 2023

Les accords septièmes majeurs sont des accords à 4 sons, donc obligatoirement plus « dissonants » que les accords « classiques » à 3 sons, comme DO majeur, La mineur, etc… Ce sont des accords septièmes, mais moins courants que les autres accords septièmes plus « classiques » dont la septième est mineure et qui sont notés par exemple DO7, RÉ7… Dans notre cas, la septième est majeure et l’accord est noté DO7M, RÉ7M.

L’originalité de ces accords, c’est qu’ils possèdent deux notes situées à un demi-ton d’écart : la septième majeure et l’octave. Prenons l’exemple du DO7M, comme celui utilisé dans « Le Cœur grenadine ». L’accord se compose des notes suivantes : do (fondamentale), mi (tierce majeure), sol (quinte juste) et si (septième majeure) : il devrait se nommer DO majeur septième majeure mais pour plus de simplicité on l’appelle DO septième majeure (DO7M). Les notes si et do se frôlent donc à 1 demi-ton et forment une importante dissonance (intervalle par nature moins agréable à l’oreille). Il suffit donc, lorsqu’on réalise l’accord sur un instrument, de jouer le do en degré 1, le si en degré 7 sans jouer l’octave (degré 8) pour que cette dissonance s’estompe car les deux notes en cause sont alors très distantes.

Il en résulte une sonorité particulière, un peu « floue », moins « franche » ou si l’on veut plus sophistiquée qui nous ouvre les portes du jazz. C’est certainement pour cette raison qu’il est toujours délicat d’utiliser un accord septième majeur (accord à 4 notes) dans des musiques populaires où l’ensemble des accords n’ont en général que 3 notes : le septième majeur fait alors un peu  figure d’intrus. On compose donc des musiques populaires, folkloriques, avec des accords à 3 sons ; et d’autres avec des accords à 4 sons, voire 5 (accords 9ème), 6 (accords 11ème), 7 sons (accords 13ème)…

Les accords septièmes majeurs sont construits sur les degrés I et IV d’une gamme. Exemple en SOL avec des accords à 4 sons : SOL7M (I7M)    LAm7 (IIm7)    SIm7 (IIIm7)   DO7M (IV7M)    RÉ7 (V7)    MIm7 (VIm7)    FA#m7/5b (VIIm7/5b).

Les anatoles

Luth par Abraham Bosse XVIIe. Les 5 sens, l'audition.

Séquence extraite de « Le Coeur grenadine » 1979. Article du 23 février 2023

Un anatole est un enchaînement d’accords, toujours les mêmes, construits sur certains degrés (notes) de la gamme choisie (qui donne la tonalité du morceau). L’anatole le plus fréquent, le « vrai » anatole pourrait-on dire, est celui construit sur les degrés :  I   VI    II     V. Par exemple, dans le ton de Do majeur, c’est Do (Ier degré)  Lam (VIe degré)   Rém (IIe degré)    Sol (Ve degré) ; dans le ton de LA, c’est La (I), Fa#m (VI), Sim (II) et Mi (V). Il suffit de compter sur les doigts et de respecter le nombre de dièses ou de bémols de la gamme considérée : Do, pas d’altérations ; La (3 #) donc le Fa est #.

Les accords joués dans cette structure peuvent tout à fait être des accords à 4 notes. Ainsi, en Do majeur, nous aurons : Do7M (I), Lam7 (VI), Rém7 (II) et Sol7 (V).

L’anatole, souvent joué en boucle, est très utilisé en jazz car elle permet d’improviser avec les 7 notes de la gamme qui sonneront justes sur les 4 accords construits sur cette gamme :

En Do majeur, Do Ré Mi Fa Sol La Si Do sur les accords de Do   Lam   Rém et  Sol.

Ces accords peuvent être joués sur 4 mesures, ou sur 2 (alors avec 2 accords par mesure). Le « Canon de Pachelbel » est un exemple d’anatole  I  VI   II    V.

On pourrait également citer celui du « Piano de la plage » de Charles Trenet  I    VI     II      V (en Do majeur : Do7M   Lam7    Rém7    Sol7).

San Severino dans « Mal ô mains » utilise également le même I   VI    II     V un peu transformé puisque le degré VI devient majeur (toujours en Do : Do  A9   Rém7    Sol9).

Par extension, il y a d’autres sortes d’anatoles possibles, comme nous venons de le voir avec « Le Cœur grenadine  I   III    IV     II/V    (en Do : Do   Mim7    Fa      Rém7/Sol7). Karin Redinger  II   V    I     VI     (toujours en Do : Rém7   Sol7    DO7M     Lam7).

Cette progression d’accords sur deux ou quatre mesures a été conjuguée sous une forme plus complexe de 32 mesures (appelée également anatole, en anglais rythm changes) connue de tous les musiciens de jazz et leur permettant d’improviser, le plus souvent en Sib, lors de « jam sessions », en français de « bœuf ». En voici la structure type en Do. Précisons que de nombreuses variations sont possibles sur cette base A (8 mesures), A (8 mesures) B pont 8 mesures, A (8 mesures). Et pour vous habituer, voilà cette anatole en notation américaine :

C /  Am7     Dm7  /  G7    C  /  Am7    Dm7  /  G7     C  /  C7     F   /  Fm     C   /  Am7    Dm7  /   G7

C /  Am7     Dm7  /  G7    C  /  Am7    Dm7  /  G7     C  /  C7     F   /  Fm     C                   C

E7                E7                   A7                A7                   D7             D7              G7                G7

C /  Am7     Dm7  /  G7    C  /  Am7    Dm7  /  G7     C  /  C7     F   /  Fm      C                   C

Rosace de luth, Conservatoire de Cannes

Les gammes et les accords relatifs

Séquence extraite de « Rame » 1980. Article du 11 mars 2023

Sur une gamme majeure à sept notes (heptatonique), comme nous l’avons vu, on peut utiliser (construire) : 3 accords majeurs, 3 accords mineurs et 1 accord mineur quinte diminuée.

Nous avons également découvert, avec les « résolutions », comment le cinquième accord de cette gamme, joué avec une septième (ex SOL 7) a pour fonction de ramener au premier accord de la même gamme (ici DO), bien souvent au début du morceau et de former une « boucle » musicale.

Maintenant, voyons s’il y a un « principe », une méthode pour passer dans un morceau d’un accord majeur à un accord mineur, ce qui, de prime abord, n’est pas évident car l’ambiance dégagée par ces deux accords est fondamentalement différente : pour faire bref, gai pour le majeur, triste pour le mineur. Donc y-a-t-il un moyen de passer du rire aux larmes en douceur ? Eh bien oui et ce procédé a été appelé le principe des « relatifs ». Il est utilisé dans « Rame » lorsque Laurent Voulzy passe du LA au FA#m dans le refrain.

La technique est toujours la même qu’avec la construction des accords sur une même gamme, ou avec la théorie des résolutions : pour que l’oreille ne soit pas choquée, il faut que la gamme majeure et la gamme mineure, ou que l’accord majeur et l’accord mineur, aient le plus de notes possibles en commun.

Démarrons par les gammes. Si nous commençons à jouer la gamme de DO par la note LA, l’oreille prend en compte ce nouveau point de départ et calcule « automatiquement » les intervalles par rapport à cette nouvelle note d’origine (LA). Nous verrons ultérieurement pourquoi nous proposons de démarrer par le LA (voir l’article l’interprétation modale) car il y a d’autres possibilités.

do    ré      mi     fa    sol     la       si        do

T      2M    3M    4J    5J      VIM   VIIM  8J

la      si      do     ré    mi    fa     sol      la

T       2M    3m    4J    5J    6m   7m    8j

Les deux gammes ont exactement les mêmes notes, mais DO est une gamme majeure car sa tierce est majeure (mi est à 2 tons de do), alors que LA est une gamme mineure car sa tierce est mineure (do est à 1,5 tons de la). On dit que ce sont deux gammes relatives et leur armure à la clef (nombre de dièses ou de bémols de la gamme inscrit au début de la partition) est identique (ici, ni #, ni b). DO et LAm sont donc deux gammes relatives. On remarque que la gamme mineure est construite sur le VIème degré de la gamme majeure, ce qui permet de trouver rapidement la gamme mineure relative d’une gamme majeure quelconque.

Exemple, gamme mineure relative de SOL majeur : sol la si do ré mi, 1 2  3 4 5 6, c’est MI mineur. Dans l’exemple de Voulzy : gamme mineure relative de LA majeur : la si do# ré mi fa#, 1 2 3 4 5 6, c’est FA# mineur (eh oui, la gamme de LA a 3# qu’il ne faut pas oublier pendant le calcul !)

En partant de la gamme mineure, il faut évidemment compter une tierce (1 2 3) pour trouver la relative majeure : LAm : la si do, 1 2 3, c’est DO majeur. En RÉm : ré mi fa, 1 2 3, c’est FA majeur, et ainsi de suite…

Pour les accords, c’est le même principe. On remarque que le passage du majeur au relatif mineur se fait en douceur car ils ont deux notes communes sur les trois qui composent les accords :

Exemple. Toujours en DO :

DO majeur : do (fondamentale) ;  mi (tierce majeure à 2 tons de la fondamentale) ;  sol (quinte juste à 3, 5 tons).

LA mineur : la (fondamentale) ; do (tierce mineure à 1,5 tons de la fondamentale) ; mi (quinte juste à 3,5 tons).

Le LA mineur à deux notes communes avec le DO majeur : do, mi.

Vous allez nous dire que le MI mineur construit sur le degré 3 de la même gamme a également deux notes communes avec l’accord de DO majeur (mi et sol). En effet, bravo… Voilà la preuve que vous avez bien compris la leçon et que vous êtes prêts (ou prêtes) pour l’assimilation des modes !

Les accords septième quinte diminuée, la septième roue du carrosse

Luth joué par Richard Civiol

Séquence extraite de « Aurore » 1980.

Quand on construit des accords sur la gamme majeure do ré mi fa sol la si do…, ils ont tous une quinte juste (intervalle de 3 tons et demi avec la fondamentale), sauf, sauf… l’accord construit sur le septième degré, en l’occurrence en DO, sur la note si :

La superposition des tierces donne  si  ré   fa   la : si-ré, tierce mineure (1 ton et demi) ; si-fa, quinte diminuée (3 tons, alors que la quinte juste est à 3 tons et demi) ; si-la, septième mineure (5 tons). L’accord composé sur le septième degré (ici si) d’une gamme est donc toujours un accord mineur septième (mineure) quinte diminuée noté : SI m7/5b.

Cet accord avec une quinte diminuée est un peu le « paria » de la gamme majeure, le vaurien de la famille quinte juste, en bref, la septième roue du carrosse ! Si l’accord mineur est triste par essence, celui-là est encore plus triste, nostalgique à s’en crever le cœur ! Est-ce pour cela que Louis Chédid l’a aussi adopté pour « On avance » ? Nous le retrouverons encore dans « Banale song » du même compositeur… Alors, si vous voulez tirer une larme à vos auditeurs, n’hésitez pas ! Exemple en FA : fa sol la sib do ré mi fa : MI m7/5b.

Donc, en résumé, pour composer un morceau avec la gamme majeure, vous avez la possibilité de : 3 accords majeurs : I IV V FA SIb DO ; 3 accords mineurs : VI II III RÉm SOLm LAm ; et le petit dernier, mineur septième quinte diminuée VII MIm7/5b.

L'harmonisation des choeurs

Rosace en bois par Musicarius

Séquence extraite de « Désir désir » 1984. Article d’avril 2023

Puisque les gammes, leurs degrés et les différents intervalles qui les séparent n’ont plus aucun secret pour vous (voir les articles « Bidon » 1976, « Allô maman bobo » 1977…), il peut être dit quelques mots sur la recherche, en chanson, de secondes et troisièmes voix qui vont accompagner celle du chanteur principal.

En fait, la technique est assez proche de celle de la composition des accords (voir « Jamais content » 1977). En bref, il faut se plier à deux règles essentielles : suivre les accords qui accompagnent la voix principale : respecter la ou les gammes sur lesquelles le morceau a été composé (nombre de dièses, de bémols…).

 

Voyons d’abord la seconde voix. Bien que ce ne soit pas une obligation, on choisit souvent de la démarrer à la tierce (1  2  3, comptez sur vos doigts…) de la note sur laquelle démarre la mélodie. Ensuite, si vous connaissez bien cette dernière (la mélodie…), vous devriez pouvoir la chanter spontanément, toujours à la tierce : ainsi, vous monterez et descendrez en suivant l’air principal.

Ajoutons deux petites précisions. Tout d’abord, cette seconde voix est souvent chantée en dessous de la voix principale pour ne pas lui « voler la vedette » car l’attention des auditeurs est toujours attirée par les sons plus aigus qui « sortent », se distinguent mieux de l’ensemble musical. En revanche, quand l’interprète est masculin, les chœurs féminins sont chantés au-dessus et tout devient alors une affaire de mixage (de dosage des différentes puissances vocales). Ensuite, rien n’empêche pour créer des moments plus calmes, reposants, d’abandonner cette tierce pour chanter à l’unisson (les mêmes notes) ou à l’octave du chanteur principal.

Ce dispositif de base doit respecter l’harmonie du morceau, ce qui dans la théorie, complique un peu les choses mais, nous l’avons dit, parfois ces secondes voix « sortent » spontanément une fois prise la bonne note de départ, c’est-à-dire la tierce. Pour mieux comprendre, voyons un exemple précis avec « Désir désir ».

Le morceau est en RÉ, il faut donc respecter les notes : sol (1) la (2) si (3) do (4) ré (5) mi (6) fa# (7)

Ré    Do                                             Ré                                    : accords

3M   3m   3m  3M   3m    3M   3M   3m  3m     3M   3m 3m  : intervalles

fa#   sol    sol   si     sol    fa#  fa#    ré    do     fa#   ré  do    : voix 2

ré     mi     mi   sol   mi     ré    ré      si     la      ré     si    la     : voix 1

Mais tout’ les chan-sons  ra-  cont’ la   mêm’ his- toi- re     : paroles

Pour respecter la gamme de SOL, on voit que la voix 2 passe de tierces majeures en tierces mineures : par exemple ré-fa#, tierce majeure car le fa est dièse dans la gamme de SOL, mi-sol, tierce mineure car le sol n’est pas altéré dans la gamme de SOL.

Cette seconde voix doit aussi respecter la composition des accords : RÉ : ré (1) fa# (3M) la (5j) ; DO : do (1) mi (3M) sol (5j). Si la seconde voix « fonctionne » bien avec l’accord de RÉ, on voit en revanche que sur l’accord de DO, les 2 derniers « fa# » vont être assez dissonants (4 augmentée seulement à un demi-ton de la quinte juste « sol » présente dans l’accord de DO) : on les remplacera donc par la quinte juste sol. La seconde voix devient donc : fa# sol sol si sol sol sol ré do fa# ré do.

Cela peut donc paraître un peu compliqué en théorie, mais parti de la tierce de départ (fa#), tout ça peut se chanter à l’instinct comme nous l’avons déjà dit…

Quant à la troisième voix, s’il y en a une, c’est le même principe, mais en démarrant le plus souvent sur la quinte juste. On peut aussi choisir la sixième majeure ou la septième selon les cas et l’environnement sonore de la chanson. Précisons enfin qu’il n’est pas rare que nous choisissions, pour notre part, la quinte juste en seconde voix. Donc, pour conclure, il faut respecter la gamme, s’inscrire dans l’harmonie donnée par les accords et puis… faire comme bon vous semble, ce qui laisse encore pas mal de liberté !

Théorbe, 1613, Padoue

Changement de tonalité dans un morceau

Séquence extraite de « My song of you » 1987. Article d’avril 2023

 On saisit bien avec « My song of you » qu’une chanson est une véritable construction et que certaines règles de composition aident à un bon avancement des travaux. Prenons le cas de ce changement de ton, RÉ pour le couplet, LA pour le refrain : il amène de la diversité dans le morceau, le second thème faisant oublier le premier.

Cette technique du changement de ton au sein d’une même œuvre est même, dans la pratique, régulièrement utilisée pour rallonger la durée d’une chanson où la répétition du thème, peut-être trop simple à l’origine, deviendrait vite « rengaine » si on y changeait pas un petit quelque chose. On se borne alors à répéter ce fragment musical mais dans une autre tonalité, voire parfois plusieurs si l’on souhaite que ça « dure » encore plus. Le plus souvent, on augmente la tonalité d’un demi-ton ou d’un ton (par exemple on passe de DO à RÉb ou de DO à RÉ) et c’est surtout l’effet de surprise qui trompe l’oreille dans ce passage qu’on pourrait qualifier de « en force ». C’est ce que Laurent Voulzy fait lorsqu’il répète le refrain pour la quatrième fois, il module d’un demi-ton vers le haut et passe donc de LA à SIb (seulement deux notes communes entre les deux gammes et aucun accord).

En revanche, ce n’est pas le procédé utilisé sur le reste de la chanson où le couplet et le refrain sont bien différents et composés chacun dans une tonalité qui leur est propre. Mais cette fois, il faut que la transition s’effectue en douceur, ne s’entende qu’à peine… Donc notre Laurent n’a pas lésiné sur le travail, bien au contraire. Mais comment choisir au mieux ces deux tonalités pour que l’oreille n’y entende sinon que du feu, du moins pas grand-chose. Eh bien il faut choisir des tonalités qui ont un nombre d’altérations (dièses ou bémols) assez voisines. C’est le cas ici : la gamme de RÉ a deux dièses, celle de LA en a trois (dont deux communs avec la gamme de RÉ).

 Degrés

I      II        III        IV     V     VI     VII

Accords en RÉ

RÉ  MIm  FA#m  SOL  LA   SIm DO#m5b RÉ  MIm  FA#m   SOL

Gamme de RÉ

   mi      fa#       sol    la    si     do#           ré   mi     fa#        sol

Gamme de LA

la   si     do#           ré   mi      fa#       sol#

Accords en LA

LA  SIm  DO#m     RÉ   MI     FA#m   SOL#m5b  Degrés

I     II      III              IV    V       VI           VII

On voit que les deux gammes, sur 7 accords possibles, en ont 4 en commun qui peuvent servir de « pont » pour passer d’une gamme à l’autre, certains pourront être utilisés pour bien marquer qu’on est dans une tonalité ou une autre (les DO#, les MI, les SOL et SOL#), le MI peut servir de « pivot » en jouant sur sa tierce (mineure en RÉ, majeur en LA) ce qu’a fait Laurent Voulzy.

La même « proximité » existe entre les gammes de DO et de FA (1b de différence, si naturel en DO et sib en FA), entre DO et SOL (1# de différence, fa naturel en DO, fa# en SOL), entre SOL et RÉ (1 # de différence, do naturel en SOL, do# en Ré), entre RÉ et LA comme nous venons de voir (1 # de différence, sol naturel en RÉ, sol# en LA), changements de tons particulièrement utilisés (et ainsi de suite…).

Changements de mesure dans un morceau

Rosaces par Jean-Pierre Favino

Séquence extraite de « Quand j’s’rai K O » 1988 (Ultra moderne solitude). Article du 24 avril 2023

Il est possible de changer de mesure au cours d’un morceau, tout simplement parce que le « balancement » change et se règle sur un nombre de points d’appui (pulsations) différents. Ce changement de mesure est inscrit sur la partition par l’arrivée d’une nouvelle fraction : par exemple 3/4  qui succède à 4/4 et ainsi de suite… Ce changement peut intervenir sur des longues séquences, mais aussi parfois pour une seule mesure. C’est le cas dans « Quand j’s’rai KO », morceau 4/4 où une mesure à 2/4 s’inscrit de temps à autre sur l’accord de RÉb. Alain Souchon est un amateur du genre car dans « Le baiser », c’est une mesure à 5/4 qui s’invite parfois dans la partition (au niveau de « le vent de Belgique… » et du LAb7M), ou encore dans « Caterpillar », mesure à 5/4 sur « souvent au marteau-piqueur » et FA#m7…

Les rythmes binaires et les rythmes ternaires

George Benson et sa guitare Ibanez

Séquence extraite de « Le baiser ». Article du 6 juin 2023

Les mesures binaires

Nous avons déjà vu (voir « Y’a d’la rumba dans l’air ») les principaux types de mesures binaires : 2/4, 3/4, 4/4, 2/2… Pour bien comprendre ce qui va suivre revenons un instant sur cette notion.

En musique, pour plus de régularité, on « tronçonne » nos petites chansons comme nos grands airs en petits groupes de même durée : ce sont les mesures. Dans certains morceaux, le balancement (et les changements d’accords…) est plutôt construit sur deux temps, dans d’autres sur trois, quatre…

Rappelons une dernière fois les principaux types de mesures :

2/4 : mesure à 2 temps ; 3/4 : mesure à 3 temps ; 4/4 ou C : mesure à 4 temps

Mais ce n’est pas tout car Il y a un autre critère déterminant qui a été moins abordé : la division possible de chaque temps (à ne pas confondre avec le nombre de temps de chaque mesure).

Dans les mesures qui viennent d’être présentées : 2/4, 3/4, 4/4…, chaque temps est divisible par 2 (ou un multiple de 2). On appelle ce type de mesures des mesures BINAIRES. Une noire (1 temps) sera divisible en 2 croches (durant chacune 0,5 temps) ; chaque croche (0,5 temps) sera divisible en 2 double-croches (durant chacune 0,25 temps) et ainsi de suite. Rappelons que dans les fractions utilisées pour nommer ces différentes mesures, le chiffre du bas représente l’unité de rythme choisie : 4 la noire (il y a 4 noires dans une ronde), 2 la blanche (il y a deux blanches dans une ronde)…, et le chiffre du haut le nombre qu’il y en a par mesure : 2/4 : deux noires par mesure ; 2/2 : deux blanches par mesure.

Lorsque, par exception, un temps est divisé par 3, on utilise le triolet de croches où, exceptionnellement, chacune des trois croches vaut 1/3 de temps : ce triolet de notes, personnalisé par le chiffre 3 écrit sous les 3 croches liées ensemble vaut donc, au total, 1 temps.

Les rythmes binaires sont beaucoup utilisés dans la musique traditionnelle (folklorique), la chanson, le folk, le rock, la pop et la musique classique, bref un peu partout…

 

Les rythmes et les mesures ternaires

Mais on peut aussi diviser chaque temps par 3 (ou un multiple de 3) sur l’intégralité d’un morceau, ce qui donc n’a plus rien d’occasionnel. Ce type de découpage du temps donne naissance à un rythme qui balance différemment, peut-être moins « dichotomique », donc plus « chaloupé » et qu’on appelle le TERNAIRE. Il est principalement utilisé dans le blues, le jazz (tout particulièrement le swing), bref les musiques afro-américaines (et d’Amérique latine)…

Attention ! Question écriture musicale du rythme, tout est chamboulé ! Si les figures de notes utilisées sont les mêmes qu’en binaire (noires, croches…), leurs durées changent totalement et il va falloir s’habituer à ces nouvelles valeurs. En ternaire, la croche vaut un tiers de temps, et comme la noire équivaut toujours à 2 croches, elle dure deux tiers de temps. C’est donc la noire pointée (égale à 3 croches) qui dure 1 temps, tout un bouleversement !

 Sur le plan concret, pour s’habituer à cette nouvelle cadence, le battement de pied est à nouveau un allié d’importance. Le pied tombe sur la première croche (1) relève doucement sur les deux suivantes (2 & 3) et retombe sur la quatrième croche (4 ou 1). Pour se « tremper » dans le bain ternaire, on peut simplement compter en tapant du pied : 1-2-3 1-2-3 1-2-3 1-2-3…, le pied tapant au sol sur le 1. Attention encore une fois ! Il ne s’agit pas d’un rythme à 3 temps, mais bien d’un rythme avec les temps divisés par 3 !

Cependant, comme en binaire, il y a aussi des morceaux à 2 temps, à 3 temps, à 4 temps… Le type de mesure choisie s’indique également au début du morceau sous forme d’une fraction. Cette fois, c’est le chiffre 8 (symbole de la croche) qui est déterminant et s’affiche au dénominateur (en bas) :

  • 6/8: 6 croches par mesure donc mesure à 2 temps (la croche valant 1/3 de temps) ;
  • 9/8: 9 croches par mesure donc mesure à 3 temps ;
  • 12/8 : 12 croches par mesure donc mesure à 4 temps.

Rappel pour les mesures binaires :

  • 2/4: 2 noires par mesure donc mesure à 2 temps (la noire = 1 temps, la croche = 1/2) ;
  • 3/4 : 3 noires par mesure donc mesure à 3 temps;
  • 4/4 ou C : 4 noires par mesure donc mesure à 4 temps.

L’interprétation ternaire

Dick Annegarn vers 1980 par Wikipedia

Séquence extraite de « Le baiser ». Article du 6 juin 2023

 La limite entre les morceaux binaires et les morceaux ternaires est parfois plus floue et, parfois, peut prêter à l’interprétation du musicien qui peut jouer « dans la nuance ». On parle parfois d’artistes qui « swinguent », qui « groovent » quand ils jouent un peu plus ternaires des morceaux binaires ; a contrario, certains orphéons qui se lancent dans l’interprétation de morceaux jazz (New Orleans…) peuvent avoir tendance à les jouer un peu trop binaires…

Expliquons-nous. Certains morceaux très typés ne prêtent pas à confusion. Un air où quasiment tous les temps sont divisés par trois : 1-2-3  1-2-3… ne peut s’exécuter qu’en ternaire. En revanche, certains folks, certains morceaux militaires où tous les temps sont divisibles par deux : 1 et  2 et  3 et  4 et… ne peuvent être joués qu’en binaire. En général, cette « affaire-là » ce sent dès le début du titre. Prenons deux exemples connus. « Tous les garçons et les filles » de Françoise Hardy (F. Hardy, R. Samyn), 1-2-3 1-2-3…, est typiquement ternaire, composé en 12/8 (mesure à 4 temps). « Santiano » de Hugues Aufray (traditionnel, Jacques Plante) est binaire, composé en 4/4 (également mesure à 4 temps).

Mais, comme nous l’avons dit, il existe aussi des morceaux où la division des temps est moins nette et peut être interprétée de manières différentes. Voyons le cas le plus flagrant qui a été « exploité » par un grand nombre de musiciens. Partons du ternaire pour bien comprendre ce phénomène.

Imaginons un morceau ternaire où il n’y aurait pas 3 notes par temps mais 2, ce qui en fait est assez courant. La situation la plus fréquente, c’est que la première note « vole » la durée de la seconde, la troisième restant inchangée. On obtient donc un couple : note longue – note courte. Sur un temps, nous avons donc une note qui dure 2 tiers de temps, la suivante 1 tiers de temps : il s’agit donc d’une noire (2 tiers) et d’une croche (1 tiers). Par rapport au binaire (couple croche / croche, un demi – un demi), la première note est plus longue (deux tiers), la seconde est plus courte (un tiers) et semble donc plus proche de la note suivante (que de la noire qui l’a précédée). C’est une nuance, mais une nuance d’importance qui permet de créer un balancement différent ! La répétition de ce couple « noire     croche noire   croche…» a donné naissance au rythme du jazz swing. En définitive, on comprend que cette différence « 2 tiers – 1 tiers », et « 1 demi – 1 demi » ne puisse être qu’une question « d’interprétation ».

C’est ainsi que de nombreux morceaux binaires ont été joués en ternaire, et que de nombreux morceaux ternaires ont été écrits en binaire. Voyons voir ça…

Dans la sphère des autodidactes (et ils sont nombreux dans le monde de la chanson, du blues, du rock…), la découverte, d’un point de vue de l’écriture musicale, de cette croche qui vaut un tiers de temps, de cette noire qui vaut deux tiers de temps, a souvent été un véritable traumatisme remettant en question les pauvres connaissances en solfège qu’ils avaient réussi à glaner au fil du temps, souvent au prix d’efforts personnels considérables ! Alors, ces amateurs éclairés ont réussi à mettre au point une trouvaille leur permettant d’éviter ces mesures à 6/8, 12/8… : il suffit de rester en 4/4, de tout mettre en triolets (cette exception des morceaux binaires) et de remplacer la seconde croche du triolet par une figure de silence, un demi-soupir… On obtient alors quelque chose d’assez proche : pour chaque temps, 1/3 joué ; un tiers sans jouer ; 1/3 joué. L’effet est quasi identique et l’on évite toutes ces mesures « barbares » et surtout ces notes qui changent de durée ! Aujourd’hui, le procédé a fait recette puisque, sur de nombreux logiciels de musique (Guitar pro pour ne citer que lui), on peut écrire le morceau en binaire (2/4, 3/4, 4/4) et demander que soit appliquée une interprétation ternaire du morceau !

Alors, il est temps de préciser que cette interprétation ternaire peut concerner de nombreux morceaux de Laurent Voulzy et Alain Souchon que nous avons déjà présentés, par exemple :

« J’ai dix ans » ; « Y’a d’la rumba dans l’air » ; « Le coeur grenadine » ; « Karin Redinger » ; « Somerset Maugham » ; « Banale song »… Vous verrez, au bout d’un moment, vous ne pourrez plus vous passer de cette interprétation ternaire, entendez par là de ce « swing », de ce « groove »…

Prenons un exemple : l’interprétation et l’écriture de « J’ai dix ans ». Extrait 1 : le morceau est écrit et joué en binaire (4/4) et le résultat n’est pas terrible. Extrait 2 : les mêmes notes, exactement les mêmes, sont écrites et jouée en ternaire (12/8) et là, ça fonctionne. Extrait 3 : le même morceau est écrit en binaire mais en utilisant les triolets de croches ; ça « marche » aussi, avec un rythme un peu plus syncopé…

La gamme mineure harmonique

Paco de Lucia et sa guitare flamenca Hermanos Conde

Séquence extraite de « Caterpillar » . Article du 6 juin 2023

 Cette gamme est différente de celle que nous avons utilisée jusqu’ici, la gamme mineure naturelle sur laquelle nous allons d’abord revenir rapidement.

La gamme mineure naturelle.

C’est une gamme issue, dérivée de la gamme majeure dont elle possède toutes les caractéristiques, hormis le fait de débuter sur une note différente. Si les notes ne changent pas, ce nouveau point de départ modifie en revanche la succession des tons et des demi-tons et en fait une gamme mineure.

Prenons l’exemple de la gamme de Do majeur :

do (ton) ré (ton) mi (demi-ton) fa (ton) sol (ton) la (ton) si (demi-ton) do

La tierce est majeure (do-mi = 2 tons) et la gamme est donc majeure.

 la (ton) si (demi-ton) do (ton) ré (ton) mi (demi-ton) fa (ton) sol (ton) la

Les notes sont les mêmes que précédemment mais, du fait d’avoir commencé par la note La, la tierce est cette fois mineure (la-do = 1,5 ton) et la gamme est donc mineure. C’est la gamme mineure naturelle.

Cette gamme de LA mineur est dite « gamme relative mineure » de la gamme de DO majeur. Elle se construit sur son VIème degré et, pour cette raison, est aussi appelée mode VI, ou encore mode Éolien.

La gamme mineure harmonique.

Pour des raisons historiques trop longues à évoquer ici, il existe d’autres gammes mineures : en particulier la gamme mineure mélodique (ascendante et descendante) et celle qui nous intéresse ici : la gamme mineure harmonique.

Les tons et les demi-tons s’y succèdent comme dans la gamme mineure naturelle, sauf entre les degrés VI et VII, puis VII et VIII. Voyons ça, toujours en LAm

la (ton) si (demi-ton) do (ton) (ton) mi (demi-ton) fa (1,5 ton) sol# (demi-ton) la

La caractéristique de cette gamme mineure consiste donc en cet intervalle d’un ton et demi situé entre ses sixième et septième degrés. C’est lui qui donne sa sonorité particulière à la gamme, consonance que l’on peut qualifier d’orientale.

Outre cette particularité qu’on ne peut pas manquer à l’écoute, les musiciens ont trouvé un second intérêt majeur à l’utilisation de la gamme mineure harmonique, notamment grâce à la succession d’accords particuliers qu’elle autorise.

 L’harmonisation de la gamme mineure harmonique

Comme pour la gamme majeure (voir l’harmonisation de la gamme majeure), replaçons (toujours en LA mineur) sur chaque degré les accords qui peuvent y être construits.

la do mi :               accord de LAm           soit Im

si ré fa :                 accord de SIm/5b      soit IIm/5b

do mi sol# :           accord de DO5+         soit III 5+

ré fa la :                 accord de RÉm           soit IVm

mi sol# si Ré :        accord de MI7            soit V7

fa la do :                accord de FA              soit VI

sol# si ré :              accord de SOL#m/5b soit VIIm/5b

Le tout peut donc se résumer à cette formule :

Harmonisation de la gamme mineure harmonique :

Im  IIm/5b  III5+  IVm  V7  VI  VIIm/5b

Ce qu’on remarque, c’est que cette gamme permet le rapprochement d’un accord mineur (Im) et d’un accord majeur septième (V7). On peut donc, entre autres, improviser sur les deux accords sans changer de gamme, La mineur harmonique fonctionnant sur le couple LAm (Im) / SOL7 (V7).

En fait, cette gamme est le pendant, en mineur de ce qu’offre, en majeur, la gamme de DO qu’on peut jouer sur le couple DO (I) / SOL7 (V7).

Les accords suspendus de quarte et de seconde

Laurent Voulzy 2001 par François Destoc, Le télégramme

Séquence extraite de « Quatre nuages ». Article du 19 juin 2023

 L’utilisation des accords de quarte est une des grandes constantes de la musique de Laurent Voulzy (et d’Alain Souchon). Pour s’en persuader, on peut citer pêle-mêle les morceaux de ces auteurs où ces accords sont en bonne place : « J’ai dix ans » ; « Le bagad de Lann Bihoué » ; « Rame » ; « Somerset Maugham » ; « Le soleil donne » ; « Ultra moderne solitude » ; « Normandie Lusitania » ; « La fille d’Avril » ; « Ta plage Beach Boy » ; « Never more » ; « Le pouvoir des fleurs » ; « Le rêve du pecheur » ; « Paradoxal système » ; « Carib islander » ; « Quatre nuages »…, on arrive déjà à quinze, allez on s’arrête, car on voit bien que ces accords ne sont pas là par hasard !

Dans ces accords, la tierce (mineure ou majeure) est remplacée par la quarte juste ou la seconde majeure. L’accord n’est plus « triste » ou « gai » pour parler simple, il est suspendu, il a quelque chose d’inachevé, d’imprécis, d’instable ou mieux, d’aérien. Ces accords sont notés sus4 ou sus2 (Mi sus4, Ré sus4…) mais parfois, le compositeur un peu fainéant, les note directement 4 (Mi 4, Ré 4…).

En folk et en blues, certains enchaînements visant à créer un contre-chant sur un accord sont devenus célèbres car ils sont faciles à réaliser : par exemple, Ré sus2 – Ré – Ré sus4 – Ré ; ou La sus2 – La – La sus4 – La. Mais dans ces cas, le mode apparaît tout de même par l’intermédiaire de l’accord majeur (Ré ou La)  joué entre les suspendus.

Rajoutons enfin que si la tierce est conservée, la septième mineure jouée également, l’ajout de la seconde majeure amène un autre type d’accord à cinq notes (F 3M 5J 7m 2M) très utilisé dans le jazz : c’est l’accord 9ème (par exemple Do 9), mais ça, c’est une autre histoire…

Les doigtés de la gamme heptatonique et l'improvisation tonale

Le guitariste Michel Moulinié en 1979

Séquence extraite de « Le capitaine et le matelot » (Avril). Article du 19 juin 2023

Revenons donc sur la gamme « heptatonique » (à sept sons) car nous n’avons pas encore fait le tour des possibilités qu’elle peut offrir.

La chose essentielle qu’il faut bien comprendre et retenir c’est qu’elle permet deux types d’utilisation :

  • d’une part, une approche « globale » ou « tonale » d’un morceau, c’est-à-dire que ses sept notes vont « sonner » juste sur un ensemble défini d’accords ; c’est la méthode que nous avons suivie jusqu’ici et que nous allons reprendre pour commencer ; en fait, on joue dans la tonalité du morceau ;
  • d’autre part, une approche « modale », c’est-à-dire qui correspond à un seul accord ; la note par laquelle on débute est alors essentielle pour connaître les caractéristiques de ce « mode » (gamme mineure, majeure…).
Larry Carlton en 1987 par wikipedia

Revenons donc sur cette gamme heptatonique et les sept accords qui peuvent l’accompagner :

I Majeur – Ton – II mineur – Ton – III mineur – 0,5 ton – IV Majeur – Ton – V Majeur – VI mineur – VII mineur /5b.

Sur ce schéma qui sert de modèle, on remplace I, II, III… par des notes et, en fonction de la note commencée et du respect de l’enchaînement des tons et des demi-tons, des dièses ou des bémols vont trouver leur place dans cette gamme. Ex :

en DO : do ré mi fa sol la si do ; les accords : DO RÉm MIm FA SOL LAm SIm/5b

en RÉ : ré mi fa# sol la sim do# ré ; les accords : RÉ MIm FA#m SOL LA SIm DO#m/5b

en FA : fa sol la sib do ré mi fa ; les accords : FA SOLm LAm SIb DO RÉm MIm/5b

Pour le soliste, le « travail » se fait à l’envers : il dispose du nom des accords sur lesquels il doit jouer, il va lui falloir cette fois trouver le nom de la gamme avec laquelle il va se lancer. Bien entendu, il est possible que certains accords du morceau ne trouvent pas leur « place » sur cette gamme, il faut donc les « isoler » et trouver pour eux un autre « traitement », ou alors tout simplement ne pas jouer sur ces parties délicates.

Prenons quelques exemples avec les chansons du disque Avril (les accords entre parenthèses doubles sont en dehors de la tonalité) :

Slow down

Accords du morceau : RÉ LA SOL MIm7    donc impro en RÉ (I) car RÉ (I) MIm7 (IIm) SOL (IV) LA (V)

On peut jouer « ré mi fa# sol la si do# » sans risquer la fausse note.

Mary Quant

Accords : SIb FA MIb RÉ RÉm LAm7 DOm donc impro en SIb (I) car SIb (I) DOm (IIm) RÉm (IIIm) MIb (IV) FA (V) ((LAm7)) ((RÉ)).

On peut jouer « sib do ré mib fa sol la » sauf sur le ((LAm7)) et le ((RÉ))

Quatre nuages

Accords : LA FA#m FA#4 MI RÉ donc impro en LA (I) car

LA (I) RÉ (IV) MI (V) FA#m (VI) FA#4 (VI)

On peut jouer « la si do# ré mi fa# sol# » sur tous les accords.

Je suis venu pour elle

Accords : RÉm7 SOLm LAm7 DO7/6 FA SIb LA7 SOL donc impro en FA (I) car FA (I) SOLm (IIm) LAm (IIIm) SIb (IV) DO7/6 (V7) RÉm7 (VIm) ((SOL)).

On peut jouer « fa sol la sib do ré mi » sauf sur ((SOL))

La fille d’Avril

Accords du refrain : LAm  SOL FA7M RÉ donc impro en DO (I) car FA7M (IV) SOL (V) LAm (VIm) ((RÉ))

On peut jouer « do ré mi fa sol la si » sans risquer la fausse note, sauf sur le ((RÉ)).

Accords du couplet : SIb7M LAm7/5b DOm7 RÉ  donc impro en SIb (I) car SIb7M (I) DOm7 (IIm) LAm7/5B (VIIm7/5b) ((RÉ)).

On peut jouer « sib do ré mib fa sol la » sauf sur le ((RÉ)).

Mais comment jouer ces gammes heptatoniques à la guitare ? Tout d’abord, on évite de jouer les cordes à vide. En effet, la guitare présente un grand intérêt (par rapport au piano…), c’est que, pour changer de tonalité, un doigté peut se décaler sur le manche sans que la « forme » (le doigté) de la gamme ne change ; il suffit juste d’en choisir la première note, le point de départ pour obtenir la tonalité recherchée et de répéter le même doigté qui est donc valable pour toutes les gammes heptatoniques majeures. S’il y avait des notes « à vide » dans le doigté, elles ne seraient pas décalées comme les autres et, de ce fait, elles seraient donc fausses. Dit comme cela, la chose peut paraître compliquée mais une comparaison avec les « barrés » peut nous aider à mieux comprendre. En fait, ces accords en barré se décalent également case après case sur le manche de la guitare en conservant la même forme (le même doigté). Il suffit par exemple d’apprendre l’accord de FA majeur pour connaître tous les accords majeurs : FA barré case 1 ; FA# barré case 2 ; SOL barré case 3 et ainsi de suite… L’accord de FA n’est d’ailleurs qu’un accord de MI décalé d’une case ; comme il reste 3 cordes à vide et qu’on a plus qu’un doigt disponible pour les augmenter d’une case, on n’a plus que la possibilité de « barrer » toutes les cordes à la case 1 avec l’index et de refaire un MI derrière avec les 3 doigts qui sont encore disponibles (annulaire, auriculaire, majeur).

Il en va de même pour les gammes dont on pourra décaler case après case la première note d’un doigté appris par cœur. Le principe ensuite, c’est de construire le doigté le plus régulier possible, pour pouvoir gagner de la vitesse en jouant. Nous proposons donc le doigté qu’on (le guitariste Michel Moulinié) nous a appris il y a maintenant quelques années, avec 3 notes par corde. Certes, il faut un peu écarter les doigts (à cet égard, le pouce doit être positionné bien à l’arrière du manche, les autres doigts s’écartent alors plus facilement), mais cette symétrie apporte de la fluidité dans le jeu.

En FA majeur : il faut jouer, sans corde à vide et à raison de 3 notes sur chaque corde fa sol la sib do ré mi fa sol la sib et ainsi de suite… On commence par la corde la plus grave et les chiffres correspondent aux cases :

1  3  5 ; 1  3   5 ; 2  3  5 ; 2  3  5 ; 3  5  6 ; 3  5  6.

Comme la gamme heptatonique a sept notes, elle a donc aussi 7 doigtés différents qui s’enchaînent sur le manche et commencent, pour chacun d’entre eux, par une note différente : fa (case 1) pour le premier que nous venons de voir ; sol (case 3) pour le second ; la (case 5) pour le troisième et ainsi de suite.

3  5  6 ; 3  5  7 ; 3  5  7 ; 3  5  7 ; 5  6  8 ; 5  6  8.

5  6  8 ; 5  7  8 ; 5  7  8 ; 5  7  9 ; 6  8  10 ; 6  8  10.

6  8  10 ; 7  8  10 ; 7  8  10 ; 7  9  10 ; 8  10  11 ; 8  10  12

8  10  12 ; 8  10  12 ; 8  10  12 ; 9  10 12 ; 10  11  13 ; 10  12  13.

10  12  13 ; 10  12  13 ; 10  12 14 ; 10  12  14 ; 11  13  15 ; 12  13  15.

12  13  15 ; 12  13  15 ; 12  14  15 ; 12  14  15 ; 13  15  17 ; 13  15  17.

Doigtés de la gamme majeure heptatonique, en Fa

On apprend ces 7 doigtés pour pouvoir jouer sur l’intégralité du clavier, des notes les plus graves aux notes les plus aigües. Mais quand on commence, on peut se débrouiller avec un seul doigté, puisque les 6 autres ont exactement les mêmes notes. Si l’on travaille au médiator, la première note est jouée par un coup donné vers le bas, la seconde vers le haut, et ainsi de suite.

Pour transposer dans une autre tonalité, il suffit de décaler le premier doigté pour obtenir le ton recherché et rejouer tous les doigtés enchaînés, décalés aussi du même nombre de cases. Par exemple, pour jouer en sol : le premier doigté de Fa commence à la première case ; en Sol, il commencera à la troisième case : 3  5  7 ; 3  5  7… En La, à la cinquième case : 5  7  9… En Sib, à la sixième : 6   8  10… Ainsi, par exemple, pour jouer sur le refrain de « La fille d’Avril » (DO), on décalera le premier doigté de Fa à la 8ème case (note do) et on jouera 8, 10, 12… ; les 6 doigtés suivants seront également décalés de 7 cases (3,5 tons). Lorsqu’un doigté devient trop aigu pour pouvoir être joué, on le retrouve au bas du manche 12 cases plus bas, et la boucle est bouclée.

La gamme heptatonique et l'approche modale

Earl Klugh en 2008 par Wikipedia

Séquence extraite de « Le capitaine et le matelot » (Avril). Article du 19 juin 2023

 L’approche modale s’appuie sur un concept différent. La note par laquelle est débutée la gamme détermine un enchaînement d’intervalles spécifiques (ton, ton, demi-ton…) qui vont caractériser un accord particulier lui aussi. Cette fois, on ne joue plus sur un ensemble d’accords, mais bien sur un seul accord. Cette technique, entre autres, peut permettre d’improviser sur les accords en double parenthèse ((-)) qui, dans la rubrique précédente, n’avaient pas leur place dans la tonalité du morceau. Cette technique peut également permettre de longues improvisations sur un accord, en apportant des « couleurs » particulières à la musique.

Reprenons la gamme de DO que nous connaissons bien :

DO ré mi fa sol la si do.

Commencée par le do, nous avons vu que les intervalles sont :

I (DO) ton 2Majeure ton 3Majeure 0,5 t 4juste ton 5juste ton 6Majeure ton 7Majeure 0,5 t 8juste

La gamme est majeure et l’accord construit sur cette gamme (par empilement de tierces) est un DO majeur (accord à 3 sons) ou un DO7M (accord à 4 sons).

Commencée par des notes différentes, cette gamme prend alors de nouvelles significations :

Commencée par le degré II, RÉ : RÉ mi fa sol la si do ré.

II (RÉ) ton 2Majeure 0,5 t 3mineure ton 4juste ton 5juste ton 6Majeure 0,5 t 7mineure ton 8juste

La gamme est mineure et l’accord construit sur cette gamme est RÉm (3 sons) ou RÉm7 (4 sons).

Commencée par le degré III, MI : MI fa sol la si do ré mi.

III (MI) 0,5 t 2mineure ton 3mineure ton 4juste ton 5juste 0,5 t 6mineure ton 7mineure ton 8juste

La gamme est mineure et l’accord construit sur cette gamme est MIm (3 sons) ou MIm7 (4 sons).

Commencée par le degré IV, FA : FA sol la si do ré mi fa.

IV (FA) ton 2Majeure ton 3Majeure ton 4Aug 0,5 t 5juste ton 6Majeure ton 7Majeure 0,5 t 8juste

La gamme est majeure et l’accord construit sur cette gamme est FA (3 sons) ou FA7M (4 sons).

Commencée par le degré V, SOL : SOL la si do ré mi fa sol.

V (SOL) ton 2Majeure ton 3Majeure 0,5 t 4juste ton 5juste ton 6Majeure 0,5 t 7mineure ton 8juste

La gamme est majeure et l’accord construit sur cette gamme est SOL (3 sons) et SOL7 (4 sons).

Commencée par le degré VI, LA : LA si do ré mi fa sol la.

VI (LA) ton 2Majeure 0,5 t 3mineure ton 4juste ton 5juste 0,5 t 6mineure ton 7mineure ton 8juste

La gamme est mineure et l’accord construit sur cette gamme est LAm (3 sons) ou LAm7 (4 sons).

Commencée par le degré VII, SI : SI do ré mi fa sol la si

VII (SI) 0,5 t 2mineure ton 3mineure ton 4juste 0,5 t 5Dim ton 6mineure ton 7mineure ton 8juste

La gamme est mineure et l’accord construit sur cette gamme est SIm/5b (3 sons) et SIm7/5b (4 sons).

Que peut-on tirer de tout ça ? Résumons les possibilités offertes par chacun de ces 7 modes dont les noms nous viennent de la Grèce antique (sacré Pythagore !).

Le mode I (DO ré mi fa sol la si do) est appelé le Ionien, c’est notre gamme majeure par excellence ; elle correspond à un accord majeur (ou majeur 7M).

Le mode II (RÉ mi fa sol la si do ré) est appelé le Dorien. C’est une gamme mineure intéressante à l’usage, car du fait de sa seconde et de sa sixième majeures, c’est la moins mineure des gammes mineures que nous allons voir. Elle est donc moins chargée émotionnellement que les modes III, VI ou VII. Pour d’aucuns, elle paraîtrait même presque gaie…

Le mode III (MI fa sol la si do ré mi) est appelé le Phrygien. C’est aussi une gamme mineure, mais très typée car tous ses intervalles sont mineurs (II, III, VI, VII) ou justes (IV, V). En particulier, sa seconde mineure lui confère une sonorité « espagnole » ou « orientale ».

Le mode IV (FA sol la si do ré mi fa) est appelé le Lydien. C’est une gamme majeure qui fonctionne bien sur les accords majeurs 7M. Elle tient son originalité de sa quarte augmentée qui lui donne une couleur très caractéristique.

Le mode V (SOL la si do ré mi fa sol est appelé le Mixolydien. C’est également une gamme majeure mais sa septième mineure permet de la jouer sur les accords majeurs septième mineures (ex, Sol7). Comme ces accords sont très communs, qu’en plus ils servent de résolutions ramenant le degré I (pour créer une « boucle » musicale), qu’ils se retrouvent souvent comme accords extérieurs à la tonalité (permettant, entre autres, de moduler vers un autre ton), le mode mixolydien est très utilisé par les musiciens, autant de rock que de jazz.

Le mode VI (LA si do ré mi fa sol la) est appelé l’Aéolien. C’est la gamme mineure la plus utilisée que nous avons déjà décrite sous le nom de gamme mineure naturelle. L’accord mineur qui lui correspond (LAm) est dit « relatif » de l’accord majeur situé 1,5 ton au-dessus (DO degré I) et le passage de l’un à l’autre se fait tout en « douceur », presque sans qu’on s’en rende compte.

Le mode VII (si do ré mi fa sol la) est appelé Locrien. C’est une gamme mineure moins utilisée en raison de sa quinte diminuée. Néanmoins, elle sert à jouer sur ces accords particuliers que sont les mineurs septième quinte diminuée (ex, Sim7/5b).

Maintenant, terminons par une bonne nouvelle. Il n’y a pas de nouveaux doigtés à apprendre (à la guitare…) pour jouer modal ! Les sept doigtés de la gamme heptatonique présentés dans l’approche tonale font l’affaire. Chacun est lié à un mode différent : le doigté 1 correspond à l’Ionien ; le 2 au Dorien ; le 3 au Phrygien et ainsi de suite. Il suffit, cette fois, de les jouer sur l’accord spécifique avec lequel ils fonctionnent. Pour jouer en FA ionien (FA7M) : doigté 1 démarré à la case 1 (fa) ; pour jouer en LA ionien (LA7M) : doigté 1 démarré à la case 5 (la) ; pour jouer en FA mixolydien (FA7) : doigté 5 démarré à la case 1 (fa) ; pour jouer en SOL mixolydien (SOL7) : doigté 5 démarré à la case 3 (sol) ; pour jouer en RÉ dorien (RÉm) : doigté 2 démarré à la case 10 (ré), et ainsi de suite…

Deux grands « barrés » pour mémoriser plus facilement les accords (renversements)

L'école des luthiers de Fronton par Pierre Jean Vergnes

Séquence extraite de « Je suis venu pour elle » (Avril). Article du 3 juillet 2023

 Revenons sur la manière de réaliser des « barrés » tout juste abordée dans Le capitaine et le matelot (encadré « Les doigtés de la gamme heptatonique », Avril 2001).

Avec les accords, il y a deux façons de procéder : soit on apprend toutes les positions par cœur (et il y a du boulot !) ; soit on procède avec un peu de logique et ça devient beaucoup plus simple. C’est cette seconde méthode que nous allons présenter.

Dans les 3 premières cases de la guitare, il a très peu de positions permettant de réaliser des accords majeurs se jouant au moins sur 5 cordes consécutives : les positions de DO, RÉ, MI, SOL et LA qu’on apprend par cœur dès qu’on débute l’instrument. Pour plus de facilité, nous les appellerons des « FORMES ».

Sur le manche de la guitare, les seules formes qui peuvent se décaler derrière un barré, avec un écartement des doigts de 3 cases (barré compris donc pas un trop grand écartement), sont les formes de MI et de LA. Les 3 autres (DO, RÉ, SOL) nécessitent de poser les doigts sur 4 cases et sont donc plus difficiles à réaliser ; vous les garderez pour plus tard…

Nous allons donc « partir » de ces deux formes de MI et de LA. Lorsque vous faites un MI ou un LA, sur chacune des cordes (en partant de la basse) les intervalles sont :

Pour le MI majeur. Fondamentale : mi ; Quinte j : si ; Fondamentale : mi ; Tierce Maj : sol# ; Quinte j : si ; Fond. : mi.

Pour le LA majeur. Quinte j : mi ; Fondamentale : la ; Quinte juste : mi ; Fondamentale : la ; Tierce Maj : do# ; Quinte j : mi.

 Procédé mnémotechnique : dans les formes de MI et de LA, les intervalles sous chacun des doigts posés (pas ceux des cordes « à vide »), se suivent dans le même ordre : 5j, 1j, 3M (donc 513 en abrégé) avec leur fondamentale qui les précède (mi première basse pour la forme de MI ; la deuxième basse pour la forme de LA). Cette disposition identique et caractéristique va nous servir bientôt pour passer d’une « famille » d’accords à une autre.

Le principe d’un barré, c’est de décaler les 3 doigts (les 3 notes) des 2 formes de base (MI ou LA), demi-ton par demi-ton pour obtenir tous les autres accords majeurs qui existent. Avec le MI : MI, FA, FA#, SOL, SOL# et ainsi de suite… ; avec le LA : LA, LA# (ou SIb), SI, DO, DO# et ainsi de suite… L’ennuyeux, c’est que vous ne pouvez jouer que 3 notes, celles où vos doigts sont posés ; les 3 autres notes (les cordes à vide) n’ont pas été décalées et sont restées dans le ton d’origine (MI ou LA). Pour les déplacer également, on barre les 6 cordes avec l’index (le pouce est bien derrière le manche) et on se débrouille pour faire la forme de MI ou la forme de LA derrière ce barré avec les 3 doigts qui sont encore disponibles, le majeur, l’annulaire et l’auriculaire. On peut alors décaler cet ensemble de 4 doigts sur le manche et jouer cette fois les 6 cordes de la guitare.

  • Avec la forme de MI : MI à vide, FA barré 1ère case, FA# barré 2ème case, SOL barré 3ème case et ainsi de suite.
  • Avec la forme de LA : LA à vide, Sib barré 1ère case, SI barré 2ème case, DO barré 3ème case et ainsi de suite.

De cette manière, vous n’avez pas apprendre tous les accords par cœur (du moins au début), vous les retrouvez d’une façon logique. Et à force de les chercher et de les jouer, vous allez les mémoriser sans grand effort…

L’intérêt dans l’utilisation des deux formes, celle de MI et celle de LA, c’est que les deux accords (MI et LA) s’enchaînent bien souvent dans un morceau. C’est normal, car ils constituent le début d’une séquence très utilisée en musique : le « I IV V ». Ainsi, dans un morceau en MI (I), LA (IV) suit fréquemment MI ; dans un morceau en FA (I), c’est Sib (IV) qui succède ; dans un morceau en SOL (I), c’est DO (IV), et ainsi de suite.

  • De ce fait, pour jouer à la suite ce I et ce IV, votre barré reste à la même case et les deux formes (MI et LA) s’enchaînent derrière.

Mais il y a encore bien mieux ! Vous savez maintenant comment trouver tous les accords majeurs… Eh bien, en vous servant du procédé mnémotechnique ci-dessus, vous allez pouvoir trouver tous les mineurs, tous les septièmes, les mineurs septièmes, les septièmes majeurs… Sympa non ? Et quelle économie d’énergie !

En nous servant du « 513 » valable sur les deux formes (MI et LA), il va juste falloir bouger, derrière le barré, certains doigts pour obtenir le nouvel intervalle que l’on souhaite introduire dans la forme de base. Cette méthode est valable quelque soit la case où le barré est positionné.

  • Pour passer en majeur 7ème (sous-entendu majeur 7ème mineure), c’est le doigt 1 du 513 (celui du « milieu ») que l’on retire. Dans les deux formes, on baisse ainsi cette note 1 (fondamentale) ou 8 (octave) d’un ton ce qui transforme cet intervalle en 7ème mineure : en FA (forme de MI), c’est l’annulaire qui se soulève pour passer en FA7; en Sib (forme de LA), c’est également l’annulaire qui se soulève pour passer en
  • Pour passer en majeur 7ème Majeure, ce même doigt 1 va cette fois baisser d’un demi-ton pour transformer l’octave en 7ème majeure : il faut faire un peu plus de « gymnastique » derrière le barré, mais au bout du compte, en FA, on passe bien en FA7M; en SIb, en SIb7M. Finalement, une seule note a changé, la fondamentale, la « 1 ».
  • Pour passer en mineur, c’est le doigt 3 du 513 (le plus « bas », le plus vers le sol) qui joue la tierce majeure. Il va falloir la baisser d’un demi-ton (1 case) pour obtenir une tierce mineure: en FA (forme de MI), le majeur se retire simplement pour passer en FA mineur ; en Sib (forme de LA), le doigt 3 le plus bas doit passer de la case 3 à la case 2, ce qui oblige à changer tout le doigté derrière le barré pour passer en Sib mineur (mais en fait, une seule note a changé, la tierce, la « 3 »).
  • Pour passer en mineur 7ème (sous-entendu mineur 7ème mineure), on passe d’abord en mineur en bougeant le doigt 3 le plus bas (voir précédemment), puis en 7ème en retirant le doigt 1 du « milieu » dans les deux formes : en FA (forme de MI) on passe en FAm7; en SIb (forme de LA), on passe en

Les grands barrés. Tuto de Salvéda

Avec juste un peu de déduction, vous voilà donc armés de 5 familles d’accords, 60 accords et 120 renversements (puisqu’il y a 2 « formes »). En poussant le procédé plus loin, on obtient facilement les accords sus4, mineurs 7ème majeure… Par la suite, un travail plus ou moins similaire peut être conduit avec les « formes » de DO, RÉ et SOL mais attention, il faut écarter un peu plus les doigts…

Les petits barrés et les accords de neuvième

Pat Metheny et sa guitare à 42 cordes

Séquence extraite de « Amélie Colbert » (Avril). Article du 3 juillet 2023

 En plus des grands barrés de l’index (sur 6 cordes), il existe d’autres barrés réalisés sur un nombre de cordes plus limité.

  • Par exemple, une des positions les plus connues concerne un des renversements de l’accord de LA7. C’est encore un barré de l’index, mais sur les 4 cordes aiguës à la 2ème case, auquel s’ajoute le majeur sur la corde de mi aigu à la 3ème À vide, il se joue sur les 6 cordes : mi (Vj) la (I) mi (Vj) la (I) do# (3M) sol (7m). Décalé sur le manche case après case (LA7, SIb7, SI7, DO7…), il ne sera plus joué que sur les 4 cordes aiguës.
  • Les « barrés du pouce» peuvent être nécessaires dans certains morceaux. Il ne s’agit pas d’un barré à proprement parler puisqu’une seule corde est appuyée, mais par le pouce qui, en se pliant, remonte sur le devant de la touche pour toujours bloquer la corde de mi grave dans une case ou dans une autre. C’est principalement le cas pour deux accords : l’accord de RÉ majeur où le pouce placé à la 2ème case amène une tierce majeure (fa#) à la place d’un mi (à vide) qui est faux dans l’accord ; l’accord de FA ou de FA7M où, pour laisser des cordes à vide (le la grave ou le mi aigu), on préfère ce barré du pouce à la 1ère case au grand barré de l’index également à la case 1. Avec un peu d’habitude, on y arrive même si la position de la main gauche n’est pas très académique. On y arrive d’autant mieux qu’on joue sur une guitare folk, une électro-acoustique ou une guitare électrique dont les manches sont plus étroits que ceux des guitares classiques.
  • Les « barrés de l’annulaire». Ce sont certainement les plus délicats à réaliser lorsqu’on décide de s’y mettre… L’annulaire doit alors « barrer » les 3 ou 4 dernières cordes de la guitare (les plus aiguës). Comme il faut ajouter des notes dans les basses pour jouer sur tout le manche, ce malheureux doigt (l’annulaire) doit donc un peu se plier, mais « à l’envers » (disons dans le sens inverse de l’articulation). De la torture ! On peut citer principalement deux accords. Par exemple, le SIb en rock (grand barré case 1 avec la forme de LA). En fait, pour plus de facilité (ou de rapidité), les guitaristes de rock font un « double barré » : grand barré de l’index à la case 1 et petit barré des 4 dernières cordes avec l’annulaire posé à la case 3 (la mi aiguë, fausse, n’est pas jouée). Cela évite de poser 3 doigts à la case 3 (majeur, annulaire, auriculaire), d’autant qu’il n’y a pas beaucoup de place pour le faire sur le manche étroit d’une guitare électrique ! Et puis, il y a les barrés de l’annulaire pour faire, entre autres, des accords de neuvième majeure, voyons ça de plus près…
  • Les accords de neuvième sont des accords à 5 sons: fondamentale (I), tierce majeure (3M), quinte juste (5j), septième mineure (7m), neuvième majeure (9M ou 2M). 5 notes à jouer sur 6 cordes…, cela limite les possibilités de renversement. Le plus utilisé se construit sur la forme de DO. Les notes à jouer pour faire un DO9 sont : do (I), mi (3M), sol (Vj), sib (7m), ré (9M). Comme pour un DO majeur, la basse est à vide mi (3M) et l’on conserve les deux notes suivantes dans la position d’un DO « classique » : do 2ème corde 3ème case (I) ; mi 3ème corde 2ème case (3M). Les autres intervalles recherchés se trouvent sur les cordes suivantes, les 3 dernières, tous à la 3ème case : sib (7m), ré (9M), sol (5j). Il n’y a qu’une manière de jouer ça : barré de l’annulaire à la case 3 sur les 3 cordes aiguës + index corde 3 case 2 + majeur corde 2 case 3. On ne jouera pas la corde de mi grave pour pouvoir décaler ce renversement sur tout le manche : D09 barré case 3 ; DO#9 barré case 4 ; RÉ9 barré case 5 ; RÉ#9 barré case 6 ; MI9 barré case 7
  • Harmoniquement, l’accord 9ème (DO9), placé sur le 5ème degré d’une gamme majeure (V), remplace l’accord 7ème (DO7) et joue un rôle de résolution (ramène un FA majeur ou un Fa mineur). Avec le temps et les pratiques, il s’est même vu attribué le degré IV (qui devrait être septième majeur 7M) et, progressivement, le I IV V du blues est devenu un I IV9 V9. Ainsi un blues en DO se joue : DO, FA9, SOL9… Par extension, le degré I est parfois confié à l’accord 9ème et l’on arrive à DO9, FA9, SOL9… Mais ce n’est pas fini et la prise de pouvoir de cet accord va aller plus loin… Les musiciens de jazz swing se sont rapidement rendu compte que la composition de l’accord neuvième (Vème degré) était très voisine de l’accord mineur septième construit sur le second degré de la même gamme. Il suffisait de baisser d’un demi-ton la septième de cet accord mineur (pour la changer en 6ème majeure) pour que les deux accords aient 4 notes en commun.

Ainsi en FA majeur, le SOLm7 construit sur le second degré a pour notes : sol (I), sib (IIIm), ré (5j), mi (6M) ;

le DO9 construit sur le cinquième degré a pour notes : do (I), mi (3M), sol (5J), sib (7m), ré (9M).

La première déduction, c’est que sur le renversement de DO9 présenté ci-dessus (à la case 3), il suffit de monter le doigt de basse (majeur) de do (corde 2, case 3) à sol (corde 2, case 3) pour passer de DO9 à SOLm6 (qui est aussi un DO9 sans fondamentale). La seconde déduction, c’est que le DO9 peut facilement se jouer avec le SOLm7, voire le remplacer. D’où la séquence très utilisée du IIm7  V9 exploitée dans Amélie Colbert (LAm7   RÉ9).

La tablature et l’audio devraient permettre de vous familiariser avec les sonorités :

  • petit barré LA7, LA#7, SI7…
  • barré du pouce sur RÉ, puis FA, puis FA7M
  • barré de l’annulaire avec DO9, DO#9, RÉ9…, puis SOLm6, SOL#m6, LAm6,…
  • séquence du I IV9 V9 blues
  • séquence IIm7 V9

Les petits barrés et les accords de neuvième. Tuto de Salvéda

Les accords anticipés et les syncopes

João Gilberto par AsproImpro1

Séquence extraite de « L’île du dédain » (La vie Théodore). Article du 23 juillet 2023

L’anticipation des accords, dans une rythmique, nous vient, entre autres, des musiques latino-américaines. Elle a été très utilisée dans le jazz, la bossa-nova, mais depuis peut également trouver sa place dans une tradition plus folk (Dick Annegarn…) ou plus pop (Voulzy…)… Les accords anticipés, c’est-à-dire joués avant leur place habituelle, sont souvent utilisés pour donner plus de « peps » à une cadence ; en fait, ils arrivent là où l’oreille ne les attend pas et créent une « surprise » rythmique. Prenons quelques exemples chez Laurent Voulzy et Alain Souchon.

Dans « L’Île du dédain » (voir la tablature et l’audio), le DO est joué dès le 4ème contretemps de la première mesure alors qu’il devrait se placer sur le premier temps de la mesure suivante. On appelle syncope une note ou un accord attaqués sur un temps faible (ici le 4ème contretemps) et prolongée sur le temps suivant qui est toujours un temps fort. Dit autrement, notre DO est ici une noire placée « en l’air », jouée sur la 2ème croche du 4ème temps et qui se poursuit sur la première croche du temps suivant. On peut également accentuer cet effet en bloquant la résonance sur le temps fort occupé alors par une figure de silence (demi-soupir) : c’est la « syncope à temps manqué » (missed beat syncopation).

Lorsqu’un morceau est occupé par un grand nombre de syncopes, on parle alors d’un « rythme syncopé » qui prédispose à la danse et à marquer la mesure pour suivre ce rythme.

Dans « Bubble star » (1978), le rythme est syncopé.

Dans « Les regrets » (1993), le DO et le RÉ sont anticipés.

Dans L’Île du dédain, le LAb est anticipé.

Dans « Les fleurs du bal » (2014), le SIm et le LA sont anticipés.

Dans « Spirit of samba » (2017), le LA2 est anticipé sur la 2ème croche du 2ème temps…

Les accords anticipés. Démo de Salvéda

Le blues et sa gamme pentatonique

Atelier Sorosac vers Rennes

Séquence extraite de « L’île du dédain » (La vie Théodore). Article du 23 juillet 2023

Le blues est un style musical curieux car, à la base, il ne répond pas aux « règles » de la musique occidentale. En effet si l’accompagnement est construit avec des accords majeurs, la mélodie, elle, est jouée en mineur. De ces mélodies mélancoliques vient le nom même du genre, le blues : le cafard, la dépression. Pourtant, cette tristesse a fait recette, c’est une sorte de revanche des « nègres » embarqués de force, placés dans les plantations d’Amérique, sur les Blanche-neige qui en ont fait le commerce…

Comme beaucoup de chansons traditionnelles, le blues est un I IV V classique, la forme « standard » étant en 12 mesures avec un changement d’accords presque « normalisé » (voir la grille de « Low down and dirty ») : I   IV   I   I   IV   IV   I   I   V   IV   I/ VI    I /V. Il suffit de replacer le I par la tonalité souhaitée et vous obtenez votre blues. En MI, tonalité appréciée des guitaristes : MI   LA   MI   MI   LA   LA   MI   MI   SI   LA   MI / LA  MI / SI ; si c’est en SIb comme Low down and dirty (tonalité appréciée des saxophonistes et des trompettistes) : SIb   MIb   SIb   SIb   MIb   MIb   SIb   SIb   FA   MIb   SIb / MIb   SIb / FA. Les accords sont souvent joués 7èmes ou 9èmes, surtout le IV et le V. Bien sûr, à côté de ce standard, il existe d’autres grilles de blues sinon ce serait un peu « rasoir » d’écouter le sympathique et agile Éric Clapton nous jouer toujours la même chose, même si les tonalités diffèrent ! À la guitare, les tons de MI et de LA sont les plus joués.

B B King par Jazzradio

Quant à la mélodie du blues, elle se construit sur une gamme à cinq sons, dite gamme « pentatonique » (du grec pente = 5). Cette gamme est très ancienne et serait d’origine japonaise ou chinoise. D’ailleurs, quand on la joue sans accompagnement, on retrouve cette sonorité « asiatique » que l’on connaît bien. Dans le Livre des rites attribué à Confucius (552 – 489 av. J.-C.), un chapitre entier est consacré à la musique et à ses qualités thérapeutiques. La gamme pentatonique serait issue des 5 éléments de la médecine traditionnelle chinoise : le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau. Alors ne vous privez pas et faites-vous une petite pentatonique pour garder le moral et la santé… Et c’est ce qu’on dû faire les Noirs trimant dans les champs de coton car leur musique est également fortement associée à cette gamme à 5 sons.

C’est donc une gamme mineure dont les intervalles utilisés sont les suivants : tonique (I), tierce mineure (IIIm), quarte juste (IVj), quinte juste (5j), septième mineure (VIIm).

En MI : mi (I), sol (IIIm), la (IVj), si (Vj), ré (VIIm).

En SIb : sib (I), réb (IIIm), mib (IVj), fa (Vj), lab (VIIm) ; et ainsi de suite… Il en existe 5 doigtés qui se succèdent sur le manche de la guitare, pour jouer du grave à l’aigu. Apprenez-les progressivement mais déjà, avec le doigté 1, vous pourrez improviser sans trop de mal sur les 3 accords du blues : si c’est en MI, commencez le doigté 1 (que vous connaissez maintenant par cœur) à la case 12 (note mi) ou à vide (note Mi) ; si c’est en LA, commencez-le à la case 5 (note la) ; si c’est en SIb, rien de plus simple, commencez-le à la case 6 (note Sib) et les 4 autres doigtés s’enchaînent avec le même décalage que celui du premier doigté !

Voici les cinq doigtés de la pentatonique du blues en FA, en commençant toujours par la corde la plus grave. Les chiffres correspondent aux cases jouées à raison de deux notes par corde. À la main gauche, on essaie d’utiliser un doigt différent par case.

Doigté 1 :   1  4 ; 1  3 ; 1  3 ; 1  3 ; 1  4 ; 1  4

Doigté 2 :   4  6 ; 3  6 ; 3  6 ; 3  5 ; 4  6 ; 4  6

Doigté 3 :   6  8 ; 6  8 ; 6  8 ; 5  8 ; 6  9 ; 6  8

Doigté 4 :   8  11 ; 8  11 ; 8  10 ; 8  10 ; 9  11 ; 8  11

Doigté 5 :   11  13 ; 11  13 ; 10  13 ; 10  13 ; 11  13 ; 11  13

Apprenez déjà bien ces doigtés qui sont ceux de la pentatonique mineure (nous y reviendrons). Ensuite, quand vous saurez tout ça sur le bout des doigts, ajoutez une sixième note, typique du style : c’est la « note bleue », la blue note en anglais, une quinte diminuée (Vb) qui s’inscrit dans votre gamme entre la quarte juste (IVj) et la quinte juste (Vj) et donne au genre toute sa saveur :

En FA : fa (I), lab (IIIm), sib (IVj), dob (Vb), do (Vj), mib (VIIm).

Doigté 1 :   1  4 ; 1 2 3 ; 1  3 ; 1 3 4 ; 1  4 ; 1  4

Enfin, comme vous savez que le morceau est majeur, vous pouvez jouer aussi la tierce majeure (IIIM) qui sera du meilleur effet liée avec votre tierce mineure (IIIm), par un slide (glissé), un hammer (marteau à la main gauche) ou un pulling of (retiré à la main gauche) : ces techniques permettent de jouer deux notes en ne frappant (à la main droite) que la première des deux. Il y a aussi le bend (tiré), très utilisé en blues et en rock, qui vous permet d’obtenir la note un demi-ton au-dessus en poussant latéralement sur la corde sans changer de case…

Avec cette tierce majeure en plus, la séquence devient alors, toujours en FA :

fa (I), lab (IIIm), la (IIIM), sib (IVj), dob (Vb), do (Vj), mib (VIIm)

Doigté 1 :   1 4 5 ; 1 2 3 ; 1 3 ; 1 2 3 4 ; 1  4 ; 1  4

Les contenus de la tablature et de l’audio :

Les cinq doigtés de la pentatonique en Sib.

Passage d’un doigté à l’autre pour monter vers l’aigu

Adjonction de la blue note Mi (Vb)

Adjonction de la tierce majeure Ré (IIIM)

Gamme de LAb jouée sur SIbm (IIm) et MIb9 (IV)

Un plan de blues en SIb

La pentatonique du blues. Démo de Salvéda

Guitare basse acoustique

Vous voilà lancé dans l’étude des « plans » de blues que l’on peut repiquer et s’approprier à l’écoute des maîtres, par exemple les 3 kings (B. B. King…), Éric Clapton et bien sûr George Benson. Ah, George Benson ! Il va vous donner de « la corde à retordre », de la larme de désespoir, et beaucoup de plaisir à l’écoute. Bien entendu, il utilise la pentatonique, mais aussi des plans chromatiques ou encore les heptas : il s’est rendu compte tout gamin qu’il pouvait utiliser la gamme de MIb majeure heptatonique (I) sur les accords de FAm (IIm) et de SIb7 (V7), soit l’accord I (FAm) et IV (SIb7) d’un blues en FA… Et quoi de mieux que la gamme de FA mineur harmonique pour passer du V7 (DO7) au I (FAm) ! Alors, si vous en avez l’occasion, écoutez le super « Low down and dirty », extrait de l’album « Giblet gravy » que George Benson a enregisté en SIb et en 1968, sur la grille très classique du blues en 12 mesures. Nous pouvons vous assurer qu’il y a des « plans à piquer » là-dedans !

Low down and dirty, George Benson 1968, extrait

Les gammes pentatoniques majeure et mineure

Le groupe irlandais The Dublin Legends (Dubliners pro parte)

Séquence extraite de « Derrière les mots » (Souchon et Voulzy 2014). Article du 11 octobre 2023

Pour improviser (ou créer des contre-chants) sur un morceau, on peut utiliser la gamme heptatonique (Do, ré, mi, fa sol, la si…, voir les rubriques précédentes ou « La guitare à Charlie ») et ses sept doigtés, ou alors la gamme pentatonique (à 5 notes). L’intérêt, c’est que sa mélodie est moins connue (donc plus facile à utiliser au début sans donner l’impression de « monter et descendre des gammes »), et que vous en connaissez maintenant les 5 doigtés, puisque ce sont les mêmes que ceux de la pentatonique du blues ! (voir L’Île du dédain, La vie Théodore 2005). Voyons ça d’un peu plus près.

La gamme pentatonique peut s’utiliser en mode mineur et en mode majeur.

Commençons par la pentatonique mineure.

La gamme du blues, jouée sans les blue notes, est une gamme mineure qu’on peut aussi utiliser comme gamme mineure classique, en gros sans faire du blues. En LA mineur, ses 5 notes sont la (I ou tonique), do (IIIm ou tierce mineure), ré (IV ou quarte juste), mi (V ou quinte juste), sol (VIIm ou septième mineure). Ce premier doigté : la do ré mi sol peut s’utiliser sur un I  IV V dit mineur (Im / IVm / Vm), soit en LAm sur la suite d’accords suivante : LAm / RÉm / MIm. La première note de la gamme est facilement repérable puisque c’est la même (la) que la fondamentale de votre premier accord (LAm).

Doigté 1 : 5   8 ; 5  7 ; 5  7 ; 5  7 ; 5  8 ; 5  8.

Une fois repéré l’endroit où vous commencez votre gamme (ici, corde grave à la 5ème case avec l’index, note la), vous pouvez enchaîner les 4 autres doigtés qui utilisent toujours les 5 mêmes notes : la, do, ré, mi, sol, chaque doigté débutant par une note différente, deuxième doigté, do, ré, mi, sol, la… ;

Doigté 2 : 8  10 ; 7  10 ; 7  10 ; 7  9 ; 8  10 ; 8  10.

troisième doigté : ré, mi, sol, la, do…

Doigté 3 : 10  12 ; 10  12 ; 10  12 ; 9  12 ; 10  13 ; 10  12.

et ainsi de suite. Si avec un seul doigté vous ne pouvez jouer que sur une portion du clavier (les six cordes mais sur 3 cases), l’enchaînement de l’ensemble des positions vous permet de jouer sur l’intégralité du manche de la guitare, de la note la plus grave à la note la plus aiguë.

 

Pour le blues, vous jouez les mêmes notes : La, Do, Ré, Mi, Sol mais les trois accords sont cette fois différents, ils sont majeurs : il s’agit d’un I / IV / V majeur, soit pour un blues en LA : LA / RÉ / MI. Le blues est donc un des rares styles de musique où la gamme est mineure et les accords majeurs.

Passons maintenant à la pentatonique majeure.

C’est encore votre jour de chance car nous allons encore utiliser les mêmes 5 doigtés, bien qu’il faille bien choisir le point de départ (la première note) de cette gamme, tout est là. Reprenons nos cinq mêmes notes : la, do, ré, mi, sol. Jadis, un petit malin s’est rendu compte qu’en commençant cette gamme par une autre note, elle prenait alors un sens tout différent (pour nos oreilles). En effet,  le cerveau enregistre le premier son entendu comme point de départ et calcule les intervalles à partir de lui. Jouons-lui donc le même doigté mais en commençant par la seconde note : do, ré, mi, sol, la. La machine à calculer se met immédiatement en route et nous donne : Do (I ou tonique), ré (II ou seconde majeure), mi (III ou tierce majeure), sol (Vj ou quinte juste), la (VI ou sixième majeure). L’accord qui correspond cette fois à cette note de démarrage (Do) est donc cette fois DO majeur que l’on peut jouer avant de monter la gamme. Le premier doigté de pentatonique (le même que précédemment en mineur ou en blues) est donc posé à la 5ème case (la) de la corde grave mais on débute la gamme par le second doigt (auriculaire), posé sur la note do (à la 8ème case).

Doigté 1 : (5)  8   ; 5  7 ; 5  7 ; 5  7 ; 5  8 ; 5  8.

Doigté 2 : 8  10 ; 7  10 ; 7  10 ; 7  9 ; 8  10 ; 8  10, et ainsi de suite.

 Comme précédemment en mineur, les 4 autres doigtés vont pouvoir se suivre pour couvrir l’intégralité du clavier. Cette gamme : do, ré, mi, sol, la correspond cette fois à un I IV V majeur, cette fois en Do majeur : DO /  FA / SOL. Ce type de contexte harmonique correspond bien aux morceaux folks (country music, traditionnels…).

Pour finir, on peut ajouter que ces deux gammes pentatoniques, l’une mineure et l’autre majeure, sont des gammes « relatives ». Elles ont les mêmes altérations (nombre de # ou de b), la gamme mineure (LAm) est située un ton et demi en dessous de la gamme majeure (DO) et, par extension, le même doigté la, do, ré, mi, sol peut être joué, comme la gamme heptatonique, sur les six accords suivants : DO (I), RÉm (IIm), MIm (IIIm), FA (IV), SOL (V), LAm (VIm), qui ne sont qu’un mélange du I IV V majeur (DO / FA / SOL) et du I IV V mineur (LAm / RÉm / MIm, qu’on peut aussi appeler VI II III mineur).

Jusqu’ici, vous n’avez joué qu’en DO ou LAm. Pour jouer dans les 12 tonalités possibles, il vous faudra décaler votre premier doigté -l’index (mineur) ou l’auriculaire (majeur)- jusqu’à la case qui porte le nom du ton dans lequel vous désirez jouer. Par exemple :

LAm : index à la case 5 (La) de la corde grave ; à jouer sur : LAm (VIm), RÉm (IIm), MIm (IIIm)

Doigté 1 : 5   8 ; 5  7 ; 5  7 ; 5  7 ; 5  8 ; 5  8.

Dom : index à la case 8 (Do) de la corde grave ; à jouer sur : DOm (VIm), FAm (IIm), SOLm (IIIm)

Doigté 1 : 8  11 ; 8  10 ; 8  10 ; 8  10 ; 8  11 ; 8  11.

DO : auriculaire à la case 8 (Do) de la corde grave (donc index à la case 5 « la » de la même corde) ; à jouer sur : DO (I), FA (IV), SOL (V)

Doigté 1 : (5)   8 ; 5  7 ; 5  7 ; 5  7 ; 5  8 ; 5  8.

LA : auriculaire à la case 5 (La) de la corde grave (donc index à la case 2 « fa# » de la même corde) ; à jouer sur : LA (I), RÉ (IV), MI (V)

Doigté 1 : (2)  5 ; 2  4 ; 2  4 ; 2  4 ; 2  5 ; 2  5, et ainsi de suite…

Les pentatoniques mineure et majeure. Démo par Salvéda

La lecture du Texte / Accord (TA)

Georges Brassens par RadioClassique

Séquence extraite de « Spirit of samba » (version musicale Belem 2017), article du 9 novembre 2023.

 Le Texte / Accord reprend plusieurs anciens procédés de notation pour les améliorer rythmiquement. Il reprend en premier lieu la technique de ces antédiluviens « carnets de chant » qu’on utilisait dans la voiture familiale, en colonie de vacances ou chez les scouts et autres éclaireurs… On avait juste les paroles à disposition, on connaissait l’air et l’on chantait en suivant ce guide essentiellement littéraire. La grande évolution s’opère dans le début des années 60 où les guitaristes ont besoin de connaître également les accords pour accompagner leurs petits et petites camarades autour d’un bon feu de bois ou sur la plage, ou les deux à la fois. Ce nouveau procédé voit le jour et les accords sont donc ajoutés au-dessus des paroles pour guider les musiciens en herbe. Le seul problème, et de taille, c’est qu’ils ne sont que rarement ajoutés au-dessus de la syllabe concernée par le changement d’accord. L’accord est écrit le plus souvent où l’on peut, où il y a de la place… Cette nouvelle méthode n’indique donc en aucun cas les changements de mesures. Précisons aussi que les tonalités d’origine sont rarement respectées, le morceau est souvent proposé dans les tonalités les plus faciles à jouer pour les guitaristes : Do, Sol, La, Ré… C’est ce type de transcription que l’on trouve encore de nos jours sur internet, avec malheureusement des accords plus ou moins justes et rarement situés sur les bonnes syllabes : ces supports sont souvent appelés à tort tablatures et certains sites sont aujourd’hui spécialisés dans ce genre de présentation. Quant aux « grilles » qui, à l’inverse, présentent les mesures et les différents changements d’accords, elles concernent essentiellement les musiciens (pas de paroles) et sont rares sur internet (souvent des PDF).

Les améliorations que nous avons souhaité apporter avec le T A sont donc d’ordre rythmique. Elles devraient vous permettre de jouer et de chanter en mesure, ce qui est essentiel.

  • L’accord est toujours écrit au-dessus de la syllabe concernée par le changement d’accord.
  • Une syllabe en gras souligné correspond au premier temps d’une mesure.
  • Une syllabe en italiques (indiqué que lorsque nécessaire) correspond au 3ème temps d’une mesure.
  • Un chiffre (1, 1,5, 2…) correspond au nombre de temps d’attente avant de rechanter.
  • Un chiffre souligné gras (1, 1,5, 2…) indique qu’on est en début de mesure et que le chant ne commencera que dans 1, 1 et demi, 2… temps. Dans l’exemple présenté « 1 Car toujours… », car démarre un temps après la guitare donc sur le second temps.
  • Deux accords séparés par / (exemple C   /   D7) durent chacun une demi-mesure (en 4/4, deux temps chacun).
  • Dans un accord, lorsque la seconde lettre est en minuscule (par exemple C/e), elle indique la basse à jouer dans l’accord.

Le T A permet donc, si on le souhaite, d’écrire la « grille » rythmique d’un morceau et d’associer véritablement paroles et musiques.

Pour le texte, précisons pour les langues étrangères qu’il est indiqué dans une sorte de phonétique facilitant la prononciation. En français, signalons que seuls les e écrits sont prononcés. Exemple : Que tombe la pluie, tombe = 2 syllabes. En revanche, La musiqu’ est…, siqu’ = 1 syllabe (et non sique qui durerait 2 syllabes).

Les couleurs des modes (improvisation modale)

Pat Metheny et son Orchestrion par Jimmy Katz

Séquence extraite de « Ronsard Alabama » (Âmes fifties 2019), article du 8 décembre 2023

Nous avons vu dans « Le capitaine et le matelot » (Avril). Article du 19 juin 2023) qu’il est possible d’improviser avec une seule gamme à 5 (penta) ou 7 (hepta) notes sur plusieurs accords (donc parfois un morceau entier) : c’est l’improvisation tonale où l’on joue dans le « ton » du morceau, sur sept accords différents potentiels.

L’inverse est également possible, c’est-à-dire de jouer plusieurs gammes sur un seul accord, avec cette fois l’intention d’en choisir une pour jouer des notes absentes de l’accord et donc apporter à ce dernier une « couleur » particulière : c’est l’improvisation modale. Ce type d’interprétation est plus délicat, car comme il ne fonctionne que sur un accord (au mieux une courte séquence d’accords), il faut changer de gamme bien plus souvent en suivant à la lettre (et surtout à l’oreille) les différents enchaînements du morceau : plus question ici d’utiliser sans fin quelques automatismes, il faut suivre la musique…

Alors, quand le morceau n’utilise qu’un seul accord (nombreux traditionnels africains) ou comme ici qu’il est construit sur un bourdon (fondement de la musique indienne), il faut en profiter…

Reprenons notre affaire à son point de départ. La gamme heptatonique majeure nous a livré 7 doigtés (un par note de la gamme) qui s’enchaînent. Prenons l’exemple de MI majeur (4 dièses à la clé), comme dans « Ronsard Alabama ».

 Cases du doigté 1 : 12  14  16 ; 12  14  16 ; 13  14  16 ; 13  14  16…

Mi       fa#      sol#     la        si      do#     ré#     mi

1         2M      3M      4j        5j      6M     7M      8j   

Cases du doigté 2 : 2  4  5 ; 2  4  6 ; 2  4  6 ; 2  4  6…

Fa#      sol#    la        si        do#      ré#      mi      fa#…

2M      3M      4j       5j        6M       7M      8j       2M  

L’oreille qui a enregistré la note MI comme point de départ, calcule tous les intervalles en fonction de cette première note. Les notes et les intervalles des deux doigtés sont donc identiques. C’est l’approche tonale.

Partons maintenant directement du doigté 2 sans avoir donné à l’oreille la note MI comme point de départ. Elle va alors choisir le nouveau commencement que vous lui offrez et calculer les intervalles par rapport à cette nouvelle note, le Fa#.

Cases du doigté 2 : 2  4  5 ; 2  4  6 ; 2  4  6 ; 2  4  6…

Fa#     sol#      la        si        do#      ré#       mi       fa#…

1         2M       3m      4j        5j         6M       7m      8j  

 Le doigté n’a pas changé, les notes non plus (il y a toujours les 4 mêmes dièses dans la gamme), mais les intervalles sont différents parce que le point de départ est différent ! Ce deuxième doigté, avec une nouvelle tonique (Fa#) correspond cette fois à une gamme mineure. C’est un mode qu’on appelle le Dorien.

Et par extension, chacun des 7 doigtés présentés présentés dans « Le capitaine et le matelot » va correspondre à un mode différent, soit majeur, soit mineur. Par exemple, notre doigté 1 est un mode majeur qu’on appelle l’Ionien.

Pour conclure, si vous enchaînez les 7 doigtés sur le manche de la guitare : doigté 1 case 1, doigté 2 case 3, doigté 3 case 5…, vous jouez en tonal, c’est-à-dire toujours avec la même gamme, en l’occurrence ici en FA.

Si vous commencez tous les 7 doigtés par la même note, vous jouez 7 différents modes : doigté 1 case 1 ; doigté 2 case 1 ; doigté 3 toujours case 1 et ainsi de suite… doigté 1 case 1 : Fa ionien ; doigté 2 case 1 : Fa mineur dorien ; doigté 3 case 1 : Fa mineur phrygien…

Voilà donc ces 7 modes nommés par les Grecs qui avaient déjà compris la combine :

Ionien : 1  2Maj 3Maj  4juste 5juste 6Maj 7Maj 8juste

Dorien : 1  2Maj 3min  4juste 5juste  6Maj 7min 8juste  

Phrygien : 1  2min  3min  4juste 5juste  6min 7min 8juste

Lydien : 1   2Maj  3Maj  4Aug  5juste  6Maj  7Maj  8juste 

Mixolydien : 1  2Maj 3Maj  4juste 5juste  6Maj 7min  8juste  

Aéolien : 1  2Maj 3min  4juste 5juste  6min  7min  8juste  

Locrien : 1  2min  3min  4juste 5Dim   6min 7min  8juste  

 Les notes induites par ces intervalles différents, qui changent donc avec chaque mode, vont créer une ambiance différente que vous pourrez privilégier ou non pour vos improvisations. Toujours en MI comme dans « Ronsard Alabama » :

Ionien :         Mi   fa#   sol#  la    si    do#   ré#  mi

Dorien :        Mi   fa#   sol    la    si     do#   ré    mi

Phrygien :    Mi    fa    sol    la     si    do     ré    mi

Lydien :         Mi    fa#  sol#  la#   si    do#   ré#  mi

Mixolydien : Mi    fa#  sol#  la     si    do#   ré    mi

Aéolien :       Mi    fa#  sol     la     si    do     ré    mi

Locrien :        Mi    fa    sol     la     sib  do     ré    mi

Le Ionien nous est familier et correspond à notre gamme majeure, tout comme l’Aéolien qui est notre gamme mineure classique. Le Dorien est la gamme mineure la moins « mineure » du fait de sa sixième majeure. Le phrygien, où tous les intervalles sont mineurs ou justes va sonner plutôt oriental. Le lydien rehausse bien les accords avec septième majeure (MI7M). Le Mixolydien est une gamme majeure qui correspond à l’accord septième (MI7) : c’est ce mode qui a été utilisé par Alain Souchon pour construire sa mélodie qui est donc majeure : Mi, fa#, sol#, si, do#, ré, mi et sonne un peu country-blues du fait de sa septième. Le Locrien est une gamme mineure avec la quinte diminuée (MIm7/5b).

Dans l’absolu, tous les modes pourraient fonctionner sur « Ronsard Alabama » et donner bien d’autres couleurs et bien d’autres nationalités à notre vénéré poète !

La « couleur » des différents modes. Démo par Salvéda 2023

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