La 7ème vague, Laurent Voulzy 2006
Publié le 23 juillet 2023, par Charles-Erik Labadille
Surfer sur le haut de la v...

L'album La septième vague

Après l’essai transformé de « Rockollection » (1977), Laurent Voulzy interprète à nouveau d’autres créations que les siennes presque 30 années plus tard avec La septième vague. Voilà certainement un moyen d’en savoir un peu plus sur les goûts de notre mélomane…
Mais cette fois, ce n’est pas la technique du medley qui est utilisée, mais la compilation au travers de 17 titres d’artistes variés, à 71 % anglo-saxons et le reste français. Signalons que ce type de recueil d’œuvres diverses dans un même album est assez courant à l’étranger, et certains interprètes renommés s’en sont même fait une spécialité, notamment comme les talentueux Michael Bublé, Diana Krall, Stacey Kent…
Pour illustrer ce propos, nous vous proposons trois extraits d’un standard de la bossa, Samba de Verào (M. Valle, P.S. Valle, N. Gimbel), titre appelé également Summer samba ou encore So nice, repris par Diana Krall ; puis Stacey Kent en duo avec l’un des auteurs Marcos Valle ; et bien entendu Laurent Voulzy dans son medley « Spirit of Samba ».
So nice, Diana Krall,« Quiet Nights », 2009, extrait
Summer Samba, Stacey Kent et Marcos Valle, « Ao Vivo », 2014, extrait
Samba de Verào, Laurent Voulzy, « Spirit of Samba », 2017, extrait
Si l’on fait la moyenne des dates des parutions des chansons sélectionnées dans La septième vague, on arrive à 1968, ce qui semble bien indiquer comme « Rockollection » que, pour un Laurent Voulzy un peu nostalgique, ce serait la période la plus féconde, la plus inventive puisque, nous allons y revenir, la « Septième Vague » est, paraît-il, la vague la plus forte d’une série… Pour Voulzy, il semble donc bien que ce soit la « vague » des années 60-70 qui ait emporté le plus de monde !
Plus de la moitié des chansons sont dans un style difficile à nommer : pop, folk-pop, folk, soft rock…, avec un tempo plutôt lent de ballades et des ambiances quelque peu romantiques qui collent bien à la peau de notre chanteur. Presque un quart des reprises sont dans la mouvance jazz (« Oh Lori », « Smooth Operator », « Le Piano de la Plage », « The shadow of your smile ») et rappellent le goût de notre compositeur pour des harmonies plus sophistiquées (voir « Karin Redinger », « Spirit of Samba »…).
Pour conclure, si quelques auteurs français sont évoqués dans cet album dont l’ambiance « mer et amour » groove comme ce qu’on aime, il nous semble cependant qu’une bonne idée a été oubliée : en effet, Laurent aurait pu reprendre une chanson, une seule…, de son éternel complice Alain. Certes, ce dernier chante en duo avec lui sur « The 59th Street Bridge Song » mais est-ce bien suffisant pour nous, leurs fans ? Ce sera donc peut-être pour une autre fois… ?

La Septième Vague, la mer, prise de son Voulzy…
Mais laissons les regrets de côté et revenons à cette affaire de Septième Vague ! Une affaire capitale pour Voulzy qui en recolle des morceaux dans bien des albums et des chansons : Spirit of samba… C’est une chanson sans paroles. Les compositeurs, bien entendu, ce sont la mer ou l’océan ! Ici, l’extrait, cela va de soi, est placé en septième position et l’on y entend bien sept déferlements…
Dans le monde de la glisse, la légendaire septième vague est toujours la plus forte, celle que doivent prendre les surfeurs pour réussir leur ride. D’un point de vue scientifique, il s’avère en effet que les vagues apparaissent bien souvent structurées en groupe, et qu’une moyenne de taille de groupes de l’ordre de 5 à 9 vagues est commune. On remarque donc une sorte de périodicité, avec, en général, une demi-douzaine de vagues encadrée par deux plus grosses. La houle, le swell en anglais, est le terme choisi pour désigner une succession de vagues dues au vent qui occasionne cette oscillation périodique et plus ou moins régulière de la surface de la mer ; plus ou moins régulière, car on n’oubliera pas les innombrables cas où la mer est chaotique et où ce magnifique cas de figure, presque trop parfait, n’est plus qu’un doux rêve de Beach Boys…
Une fois écouté avec soin ce morceau si original et si dépaysant, il est temps de passer en revue les dix-sept autres titres proposés par Laurent Voulzy, toujours surfant sur la crête de la vague…

1 Do you wanna dance ?
écrit par Bobby Freeman (1940-2017), surtout connu pour ce titre pop sorti en 1958. La chanson a été reprise, entre autres, par Cliff Richard and the Shadows ; the Beach Boys ; the Mamas and the Papas ; Bette Midler ; John Lennon ; Ramones.
Permettons-nous un court extrait des paroles, ce sera un des rares pour cet album où, comme les vagues, l’amour et la mer n’en finissent pas de revenir. Car les premiers vers suffisent à donner le ton général de l’ensemble (: « Veux-tu danser et me tenir la main ? Dis-moi que je suis ton homme Bébé, veux-tu danser ? Veux-tu danser sous le clair de lune ?... » (« Do you wanna dance and hold my hand ? Tell me that I’m your man Baby, do you wanna dance? Do you wanna dance under the moonlight ?… »).
Un autre, plus cru, dira plus tard : Sea, Sex ans Sun…

2 La Madrague
écrit par Jean Max Rivière (1937 – ) et Gérard Bourgeois (1936 – 2016), chanson française sortie en 1962 et révélé par son interprète Brigitte Bardot (1934 – ). La Madrague est une propriété acquise par la star en 1958 à Saint-Tropez.

Oh Lori, Alessi broth., reprise de L. Voulzy 2006, extrait
3 Oh Lori
écrit par Bill et Bobby Alessi (1953 – ), connus pour ce titre swing sorti en 1976 et quelques musiques de film.

Smooth operator, Sade Adu & Ray Saint John, reprise L. Voulzy 2006, extrait
4 Smooth operator
écrit par Sade Adu (1959 – ) et Ray Saint John, publié en 1984. C’est une ballade dans le style smooth jazz interprétée par la chanteuse britannique Sade. Le smooth jazz est une sorte de jazz plus accessible, avec une ambiance douce (smooth : « doux » en anglais). Smooth Operator signifie charmeur ou manipulateur et parle d’une sorte de Casanova de la Jet Set, encore une histoire d’amour mais vue sous un autre angle…

5 Everybody’s got to learn something
écrit James Warren (1951 – ), titre pop sorti en 1980 est le plus gros succès du groupe anglais The Korgis.

Le titre a été repris, entre autres, par Zucchero. La version de Voulzy est chantée en duo avec Andréa Corr du groupe irlandais The Corrs. Alors, pourquoi ne pas chanter, nous aussi : « J’ai besoin de ton amour comme le soleil… » (« I need your lovin’ like the sunshine… »).

6 All I have to do is dream
écrit par Boudleaux Bryant (1920 – 1987), sorti en 1958. C’est une chanson d’amour folk-pop, un des plus grands succès du duo américain, les Everly Brothers (1937 – 2021 / 1939 – 2014) sorti en 1958. Simon and Garfunkel sont leurs héritiers naturels aux Etats-Unis.

8 La bicyclette
écrit par Francis Lai (1932 – 2018) et Pierre Barouh (1934 – 2016), chanson française créée en 1960 et immortalisée par Yves Montand en 1968. Cette fois, l’amour de collégien fait rimer Bicyclette et Paulette avec une pointe d’humour qui n’est pas pour déplaire…

Francis Lai est un musicien spécialisé dans les musiques de film, avec notamment à son actif celles de « Un homme et une femme » de Claude Lelouch et de « Love story » d’Arthur Hiller. Quant à Pierre Barouh, il est reconnu pour sa maison de production Saravah qui, entre autres, fera découvrir Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Allain Leprest et, en France, la bossa nova.

Here there ans everywhere, Lennon McCartney, reprise L. Voulzy 2006, extrait
9 Here there and everywhere
écrit par John Lennon (1940 – 1980) et Paul McCartney (1942 – ), sorti en 1966 sur le disque Revolver des Beatles. Ecrit principalement par Paul McCartney, ce titre soft rock est considéré comme sa plus belle chanson d’amour.

Clair, G. O’Sullivan,reprise de L. Voulzy 2006, extrait
10 Clair
écrit par Gilbert O’Sullivan (1946 – ), titre pop sorti en 1972 et succès international. C’est une chanson d’amour et d’amitié curieusement dédiée à une petite fille âgée de 3 ans que le compositeur-interprète irlandais gardait régulièrement.

Derniers Baisers, Geld & Udell, adapt Saka, reprise de L. Voulzy 2006, extrait
11 Derniers baisers « Sealed with a kiss »
écrit par Gary Geld (1935 – ) et Peter Udell (1934 – ), adaptation française de Pierre Saka. Titre popularisé aux Etats-Unis en 1962 par la version de Bryan Hyland.

En France, cet « amour d’été » est repris dès 1962 par le groupe les Chats Sauvages.

The 59th Street Bridge Song, P. Simon, reprise de L. Voulzy 2006, extrait
12 The 59th Street bridge song
écrit par Paul Simon (1941 – ), tube folk planétaire sorti en 1966 par Simon et Garfunkel. Un des rares textes de La septième Vague qui ne parle ni de mer, ni d’amour. Les paroles, un peu « impressionnistes », un peu surréalistes conseillent d’aller moins vite, de goûter la matinée. Il en sortira peut-être, bien plus tard, en 2001, une jolie chanson de Laurent intitulée « Slow down » ?… En attendant, si monsieur Voulzy fait son Simon dans cette reprise, c’est monsieur Souchon qui lui prend la place d’Art Garfunkel dans ce duo (ou peut-être l’inverse ?)…

13 Yesterday once more
écrit par John Bettis et Richard Carpenter (1946 – ), interprété en 1973 par le groupe américain The Carpenters. C’est cette fois, comme pour « Rockollection » ou « Le piano de la plage » qui va suivre, un titre pop dédié aux chansons qu’on a écoutées pendant notre jeunesse. La chanson a été reprise en 1974 par Claude François pour en faire « Sha la la », et bien entendu par Laurent Voulzy qui la chante en duo avec Lénou Mouskouri (la fille de Nana…) dans la Septième Vague. Précisons que les Sha la la de Cloclo ne sont pas déplacés, puisqu’on nage dans l’original dans les Sha-la-la-la…, les Wo-o-wo-o…, les shing-a-ling-a-ling…

14 Le piano de la plage
écrit par Charles Trenet (1913 – 2001), est une chanson swing qu’il interprète en 1958 pour fêter à l’Alhambra ses 20 années de music-hall. Nous pouvons remercier ici Laurent Voulzy de nous l’avoir fait découvrir cinquante ans plus tard…, en 2006 avec sa reprise dans La septième Vague. Car c’est à ce moment que nous avons eu la révélation de Trenet. Cette découverte tardive nous fait affirmer aujourd’hui que lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il est génial, cela ne concerne pas la totalité de son œuvre mais quelques créations où l’auteur, au sommet de son art, atteint presque l’extraordinaire ! Eh bien, Le Piano de La Plage fait partie de ces chansons, musique brillante et paroles « aux petits oignons », qui permettent de dire que Charles Trenet est un véritable génie. Le Piano…, c’est un titre nostalgique pour évoquer les chansons écoutées pendant la jeunesse et où l’auteur rend hommage avec humour à un vieux compagnon de route. Alors, rendons nous aussi hommage au « Fou Chantant » avec 3 extraits, les deux premiers du début de la chanson : interprétés par Charles Trenet lui-même puis Laurent Voulzy ; le troisième de la fin car, après cette écoute de 2006, je ne pouvais pas rester sans en proposer une version avec le Trio Larigot. Le petit solo de guitare (comme pourrait le dire Sanseverino…) est du génial (lui aussi…) Daniel Givone. L’ensemble permet d’avoir une écoute complète des paroles lesquelles, redisons-le, sont littéralement gén…
Le piano de la plage, Ch. Trenet, Charles Trenet 1958, extrait
Le piano de la plage, Ch. Trenet, reprise de L. Voulzy 2006, extrait
Le piano de la plage, Ch. Trenet, reprise du Trio Larigot 2017, extrait

The shadow of your smile, Webster & Mandel, reprise de L. Voulzy 2006, extrait
15 The shadow of your smile
écrit par Paul Webster (1907 – 1984) et Johnny Mandel (1925 – 2020), titre swing sorti en 1965 dans la bande originale du film The Sandpiper avec Elizabeth Taylor et Richard Burton. Le titre a été repris, entre autres, par Tony Bennett, également par Astrud Gilberto qui en fait un standard de la bossa-nova. C’est une chanson d’amour romantique où l’on entend que l’ombre d’un sourire peut éclairer tous les rêves lorsque l’autre est parti. Quant au compositeur il déclarait : « Avec ma musique, j’ai voulu évoquer le roulement des vagues, la splendeur des montagnes, la beauté du paysage… » de la côte californienne de Big Sur.

16 The captain of her heart
écrit par Kurt Maloo (1953 – ) et Felix Haug (1952 – 2004) et sorti en 1985 par le duo suisse Double. Cette chanson, dans un style qu’on pourrait qualifier de soft rock ou de « pop sophistiquée », raconte l’histoire d’une femme qui décide de ne plus attendre le capitaine de son cœur absent depuis trop longtemps.

17 Santiano
chant de marin anglais adapté par Jacques Plante (1920 – 2003), titre folk sorti en 1961 et popularisé en France par Hugues Aufray. Jacques Plante est un de nos meilleurs paroliers français qui, entre autres, a écrit pour Charles Aznavour, Yves Montand, Georges Guétary. C’est également un excellent entomologiste passionné par les Lépidoptères et, notamment les papillons de nuit.

18 Light my fire
écrit par Jim Morrison (1943 – 1971) et Robbie Krieger (1946 – ), rock psychédélique enregistré par les Doors en 1966. On ne compte plus les reprises de ce tube international.
C’est une chanson d’amour plutôt charnel dont on peut retenir les deux vers : « Try to set the night on fire, yeah The time to hesitate is throught » qu’on peut traduire sommairement par « Essaye de mettre le feu à la nuit, ouais Le temps d’hésiter est passé… », sacré Jimmy…
