Petite anthologie de la CHANSON D'HUMOUR
La chanson française pourrait, comme son nom l’indique, être représentative de la culture nationale et de notre langue comme le souhaite Yves Duteil. Pourtant, dans ce registre, il y a moult interprètes, anciens ou modernes, que nous continuons plus à subir qu’à écouter.
En chanson, il existe un genre où l’auteur pense qu’on peut dire des choses sans bêtifier, ni endormir par des propos trop savants, en fait un équilibre bien difficile à tenir… On peut alors penser que l’humour est un parfait outil pour asséner des vérités mais sans assommer… Et on ne se méfie pas assez des fantaisistes qui, bien entendu, ne disent pas ça « pour de vrai » mais pour rigoler ! Si on savait… Les premiers à s’y être frottés, Noël Noël, Trénet, Brassens, Brel, Nougaro, vont bientôt être relayés par Lapointe, Perret, Vassiliu, Higelin, Béranger, Renaud… Parmi les précurseurs, il faut absolument citer Ray Ventura dont l’esprit « collégien » va permettre de faire passer quelques couleuvres dures à avaler dans un autre emballage. Mais le maître incontesté à avoir pratiqué ce sport extrême à fond est sans doute Boris Vian, accompagné et suivi par Salvador, Yanne, Font et Val, Sanseverino…
Défendons donc ici, non pas la chanson d’Amour mais bien la chanson d’Humour avec un grand H, ce qui n’est pas forcément synonyme de drôle ! Il y a parfois des sourires grinçants, glacés… Comme le disait Jacques Sternberg, le sourire déploie sa » force d’attaque aux dépens de sujets aussi tragiques, aussi graves que l’amour, la guerre, l’avenir de l’homme, Dieu, la bombe atomique, le crime, le langage, le travail, la famille… » et la confiture, auraient pu ajouter les Frères Jacques !
Ajoutons, pour conclure, que si le texte donne dans la dentelle, il serait dommage que la musique, elle aussi, n’aille pas vers la finesse, dépassant le cadre limité des accords à trois notes, accords majeurs, mineurs…, majeurs, mineurs… et des rythmes binaires qui font tout le charme de nos musiques militaires. Alors, disons que nous souhaitons rassembler dans cette petite anthologie des artistes un peu plus « ternaires » qui, de près ou de loin, mettent un peu de swing et de gaité dans leurs chansons. De ce côté-là, le grand Raymond Ventura, fait encore figure de précurseur ! Mais, pour notre plus grand malheur, le génial maître nous a quitté il y a déjà bien longtemps. On se félicitera alors d’avoir vu débarquer, au 21ème siècle, de fameux remplaçants dont le plus brillant est certainement Stéphane Sanseverino…
C.E. Labadille
Et en entrée, des petits dessins d’humour sur le thème de la création artistique (CE Labadille 2010)