Ames fifties, Alain Souchon 2019
Publié le 8 décembre 2023, par Charles-Erik Labadille
Dans les années 50 ?
L'album Âme fifties
Alain Souchon et Michel-Yves Kochmann par Guy Delsaut Wikipedia
En octobre 2019, Alain Souchon publie son quatorzième CD studio, Âme fifties. Ce dernier album rassemble 10 chansons inédites qui s’ajoutent donc à une longue liste de succès débutée en 1974 avec « J’ai dix ans ». Quels rendez-vous nous fixe ici un de nos meilleurs auteurs de chanson française.
Âmes fifties, Alain Souchon, Pierre Souchon 2019, tonalité MIb majeur
Images de cartes postales, la plage du Crotoy, Saint-Valery de l’autre côté de la baie de Somme, cabines de bain et premiers baisers… Gabin, Jeanne Moreau, Années cinquante… La route est belle « en Aronde Plein ciel », mais sur fond de guerre d’Algérie… Et puis il y a cette énumération, devenue une manie chez Alain Souchon, de prénoms d’époque, de noms, une liste qui n’en finit plus… Malgré ce qu’on a pu en dire, tout cela n’est pas tellement nostalgique mais plutôt plein de désenchantement, de désillusion…
Âmes fifties, Alain Souchon, Pierre Souchon 2019, extrait

La musique contribue largement à cette ambiance d’une tristesse infinie, accentuée par le pas pesant des accords de piano qui marquent lourdement un temps sur deux, comme le pas du temps qui passe. La mélodie simple, bien entendu mineure (DO mineur) et presque parlée, est construite sur 4 accords qui tournent en boucle. Avec un capo placé à la troisième case pour jouer dans la tonalité plus facilement, cela donne les renversements suivants. Couplet : LAm (VIm), FA (IV), RÉm (IIm), SOL (V). Refrain : RÉm (IIm), DO (I) et deux résolutions SI 7 (amenant le MI7), et MI7 (ramenant au LAm). Ces accords produisent un sentiment de vacuité, de monotonie, de froideur ou de froidure, celle qu’on peut ressentir sur les plages de Picardie :
« Des gens qui rient, ils ont un p’tit peu froid… ».
Et le refrain, un peu impersonnel, en quatre accords également, n’amène guère de diversité, même avec les deux accords septième (Si 7 et Mi 7 hors tonalité) qui y restent pourtant comme en suspens…
« Âmes fifties » c’est beau mais, comme pourraient rajouter certains « putain, qu’est c’que c’est triste ! »
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Presque, Alain Souchon, Édouard Baer, Pierre Souchon, Ours, 2019, tonalité SI majeur

Précisons dès l’entrée que nous ne sommes guère de fins psychologues (de l’amour) chez Salvéda, tout ça pour dire que le contenu des paroles de « Presque » nous a un peu échappé presque un petit peu au début. En fait, à la seconde écoute (on est un peu des balourds, presque des gros lourds…), on croit comprendre toute la subtilité de l’affaire. Il semblerait qu’il puisse s’agir d’un second « Le baiser », mais qui cette fois, ne va pas jusqu’au baiser, sinon virtuel, sinon rêvé, car l’inconnue remarquée dans un café part trop vite après avoir payé (son café ou son thé, ça, on ne sait pas !). Il faut dire aussi qu’Alain Souchon nous embrouille dès le départ avec des fausses pistes : ce « À Lille » qu’on pourrait presque entendre comme « Aline » (il faut dire qu’on a été largement conditionné par Christophe quarante ans plus tôt et aussi qu’à notre âge, on est un peu sourds !) et qui laisse à penser qu’il pourrait s’agir d’une femme connue (eh bien non justement !) ; cet argent glissé sous la tasse qui pourrait faire penser à de la prostitution ; enfin ce jeu de mots dont l’auteur ne peut pas se passer : « Par un jeu subtil de glaces J’avais son profil de face ». Bref, au final et tout bien considéré, il s’agirait donc d’une belle inconnue, d’une nouvelle « passante » à la Brassens, celle qu’on aurait dû retenir : « s’est levée, je l’ai perdue, j’aurai dû… », celle qu’on aurait aimé aimer, celle qui, le hasard faisant mieux, aurait pu devenir notre proche.
Alors, aux soirs de lassitude Tout en peuplant sa solitude Des fantômes du souvenir On pleure les lèvres absentes De toutes ces belles passantes Que l'on n'a pas su retenir

Et puis vient le refrain qui donne une portée universelle à une « presque » rencontre accidentelle, inattendue : « C’est presque toi, presque moi ces amoureux Dans la cour c’est presque nous, presque vous c’est presque l’amour ». On comprend mieux, non ?
Donc « Presque » est une chanson qui mérite « totalement » d’être écoutée plusieurs fois, d’autant que c’est une bonne chanson, en particulier son refrain qui est « tout à fait » valable avec une mélodie attachante et facilement mémorisable. Il faut dire qu’ils s’y sont mis à quatre pour écrire ce titre, en famille avec les deux fils d’Alain Souchon, Pierre et Ours et, comme si ça ne suffisait pas, avec la participation de l’acteur Édouard Baer venu donner un coup de stylo pour les paroles !
Presque, Alain Souchon, Édouard Baer, Pierre Souchon, Ours 2019, extrait
À la différence de « Âme fifties », « Presque » est une chanson gaie, entraînante. On pourra d’ailleurs l’accompagner tout en croches ou alors avec un petit rythme du genre : noire, croche-noire, 3 croches. C’est un titre composé en majeur (cela va de soi !), en l’occurrence en SI majeur. Pour le jouer à la guitare, on pourra mettre un capo à la deuxième case et faire les renversements qui suivent, ce sera plus facile (en fait, on jouera comme si on était en LA majeur). Le couplet est construit sur deux accords RÉ2 (IV) et LA (I). Dans le refrain, on ajoute au RÉ (devenu RÉ4) et au même LA, un MI4 (V) et un petit FA#m7 (VIm) et la magie opère !
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Ici et là, Alain Souchon, Pierre Souchon, 2019, tonalité SOLb majeur

Voilà un petit air de country, un petit air sautillant pour nous dire que le hasard à la main lourde ! Comme l’a dit Maxime Le Forestier en 1988 dans « Être né quelque part » : « … On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille On choisit pas non plus les trottoirs de Manille De Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher ». Alors, sur un thème assez proche, pour ne pas être lourds de signification, les deux Souchon choisissent la légèreté, le sautillant, et ils ont bien raison de dire, de décrire sans enfoncer le clou… : « Ici khâgn’ hypokhâgn’ grimp’ à normal sup Là l’escalator est en pann’ on tourn’ dans la Zup ». Le procédé littéraire utilisé est une sorte d’oxymore qui, on le voit (ici et là), consiste à rapprocher des contraires, à chercher le paradoxe pour créer la fantaisie, comme dans ces films où sont souvent associés des policiers aux caractères opposés. Ce petit air léger n’empêche pas Alain Souchon de conclure : « Mêm’ si c’est le mêm’ soleil C’est pas du tout pareil… » ou encore « Le regard que nous portons sur ce hasard Ces quarant’ mètr’ de goudron qui nous sépar’ Tu saut’ le périph’ Hop ! Allez », nous irions même jusqu’à dire : C’est quarante mètres de goudron qui nous séparent…
Ici et là, Alain Souchon, Pierre Souchon 2019, extrait
Un petit air de country, une batterie à balais qui joue les locomotives (un peu comme pour « l’Amour à la machine »…), un petit air sautillant qu’on pourra faire avec l’arpège picking (joué en doubles croches), comme celui utilisé jadis pour « J’ai dix ans » ! On retourne toujours aux essentiels… Pour la musique donc, c’est du sur mesure et ça tourne bien.
Le morceau est en SOLb majeur. Allez, on ne va pas s’embêter avec ça, vous connaissez maintenant l’effet magique du capo, on le met donc à la première case et « Tinnnng », on le joue en FA majeur derrière, le résultat est le même en moins compliqué. Le couplet est construit sur deux accords : DO7 (V7) et RÉm7 (VIm) joués en boucle. Le pont introduit le SIb (IV), le FA (I), le LAm (IIIm) et se conclue par le DO7 (V7), résolution qui amène ce qui suit : c’est le refrain avec FA (I), DO (V) et RÉm (VIm). C’est du bien ficelé, en suivant au pied de la lettre et encore une fois les règles de composition qui lient une gamme aux accords qui sont construits sur elle (I, IIm, IIIm, IV, V, VIm, VIIm7/5b)…
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Debussy Gabriel Fauré, Alain Souchon, David McNeil, Pierre Souchon, 2019, tonalité RÉb majeur

Debussy Gabriel Fauré, Alain Souchon, David McNeil, Pierre Souchon 2019, extrait
Nous n’allons pas nous étendre sur ce nouvel air construit sur le même principe que celui qui précède. Il s’agit cette fois de rapprocher deux ennemis presque jurés, la grande et la petite musique. On entend d’ici ces parents qui n’écoutent que de la musique classique et leurs chérubins qui ne se « bercent » qu’aux rythmes endiablés du rock et du yéyé ! « Gabriel Fauré Debussy… …Berry Chuck Hallyday Johnny ». Il y a bien sûr la barrière des générations, mais aussi, comme le fait remarquer l’auteur, ce cloisonnement social sévère entre bourgeois et classes populaires : « J’irai en jean troué à Pleyel… …Venez en robes longues à Bercy ».
ce qui amène l’auteur à demander un peu de reconnaissance pour son travail : « Belles cessez de nous ignorer !… ….On fait de la musique aussi »
et, pour le coup et bien montrer qu’on n’est pas des comiques dans le music-hall, cette musique, elle est en RÉb majeur. On croirait entendre le titre d’une valse de Chopin (en R…) ou d’une Consolation de Frantz Liszt ! Alors, amis guitaristes, restons simples, mettons un capo à la case 4, jouons en LA majeur pour un résultat identique. Les accords septième majeur participent à la couleur plutôt moderne de la chanson (à la « manière » de Debussy, Fauré…) ; le DO# 7 (qui devrait être mineur) surprend l’oreille et amène une petite touche d’insolite : LA (I), RÉ7M (IV7M), DO#7 (hors tonalité), RÉ(IV) / FA#m (VIm), RÉ7M, LA, DO#7, FA#m. Le refrain est identique, à l’exception des deux premiers accords qui sont inversés.
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Un terrain en pente, Alain Souchon 2019, tonalité SOL majeur

C’est un titre plutôt sympa, que le maître a écrit seul. Il touche surtout par ses paroles bien mises en valeur par une musique douce et un peu monocorde. Il pourrait s’inscrire dans la continuité d’ « Allô maman bobo », avec son :
« J’march’ tout seul le long d’la lign’ de ch’min d’fer… …J’donn’ des coups d’pied dans un’ p’tit’ boit’ en fer… » remplacé ici par « Un terrain en pent’ au dessus d’la vill’ Des vieux mat’las des plant’ et des bidons d’huil’ J’mont’ là-haut m’asseoir quand la vill’ s’allum’ Je regard’ le soir et j’fum’ ». Mais s’il y a bien l’ennui, la désillusion, le « mal au cœur » semble plus grand car pourrait s’y ajouter cette fois un reproche fait à soi-même, celui d’être le témoin désabusé, un peu usé (comme cette musique traînante) et qui regarde avec détachement des situations difficiles où il n’interviendra pas : « J’vois au bord de l’Eur’ un’ usin’ qu’on vend Et des homm’ qui pleur’ devant » ou encor’ « Un monsieur de dos à la découvert’ De l’Eldorado dans un’ poubell’ vert’ ».
Un terrain en pente, Alain Souchon 2019, extrait
Pour la musique, elle est heureusement majeure, sinon nous aurions mouillé notre mouchoir… Elle peut s’interpréter avec l’arpège picking, toujours en doubles croches. En revanche, pas besoin de capo cette fois car c’est une « classique », tonalité de SOL majeur avec, en tout et pour tout, seulement 3 accords (d’où l’impression d’uniformité, de spleen) : SOL, DO et RÉ7. Il s’agit donc d’un pur I IV V sur lequel nous ne nous attarderons pas. À vous de trouver l’enchaînement des accords…
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Ronsard Alabama, Pierre de Ronsard 1549, Alain Souchon 2019, bourdon en MI
Ah le beau rapprochement ! Ah le triste oxymore diront plutôt les littéraires déjà tout dépités qu’on écornifle leur cher poète de telle manière ! Mais ce n’est qu’un jeu de mot à la Souchon, sans « meschanceté alcune ». C’est juste que le chanteur a trouvé dans le répertoire de son voisin ligérien des petits vers qui lui vont bien :
Jamais l’homme tant qu’il meurt, ne demeure Fortuné parfaictement Toujours avec la lyesse, la tristesse Se mesle segrettement

Mais alors… Qu’est-ce que notre Prince des poètes a d’amerlock, lui qui n’a guère quitté son coin de Couture-sur-Loir ou de Saint-Cosme-de-Tour que pour aller visiter les Grands, ou alors une pléiade de copains bien françois et son pote du Bellay installé pas très loin dans son « petit Liré » ?
Ronsard Alabama, Pierre de Ronsard 1549, Alain Souchon 2019, extrait
Eh bien c’est la petite musique qu’un confrère plus actuel a collée sur ses mots : lourds battements de pieds, petite guitare qui tisse son folk totalement acoustique, la forme la plus « roots » (naturelle) de country, vous êtes bien dans le Sud profond, à Florence (Alabama bien sûr…), Talladega ou Jackson… Plus simple, on ne peut guère faire mieux, surtout avec cette technique très ancienne du « bourdon » monocorde qui martèle sans fin la corde grave mi alternée avec son octave (2ème case de la corde de ré) sur tous les temps. Ce bourdon, sans mode majeur ou mineur affiché : pas de tierce, donc pas de sol (mineur) ni de sol# (majeur) nous offre une opportunité, celle de faire découvrir l’utilisation possible des différents modes sur un accord donné. Ici, pour la mélodie qui se greffe sur ce bourdon, Alain Souchon a choisi un mode majeur (plutôt folk) mais il y a bien d’autres solutions possibles.
Les couleurs des modes (improvisation modale).

Nous avons vu (Le capitaine et le matelot » (Avril). Article du 19 juin 2023) qu’il est possible d’improviser avec une seule gamme (à 5 –penta- ou 7 –hepta- notes) sur plusieurs accords (donc parfois un morceau entier) : c’est l’improvisation tonale où l’on joue dans le « ton » du morceau, sur sept accords différents potentiels.
L’inverse est également possible, c’est-à-dire de jouer plusieurs gammes sur un seul accord, avec cette fois l’intention d’en choisir une pour jouer des notes qui ne sont pas dans l’accord et donc apporter à ce dernier une « couleur » particulière : c’est l’improvisation modale. Ce type d’interprétation est plus délicat, car comme il ne fonctionne que sur un accord (au mieux une courte séquence d’accords), il faut changer de gamme bien plus souvent en suivant à la lettre (et surtout à l’oreille) les différents enchaînements du morceau : plus question ici d’utiliser sans fin quelques automatismes, il faut suivre la musique…
Alors, quand le morceau n’utilise qu’un seul accord (nombreux traditionnels africains) ou comme ici qu’il est construit sur un bourdon (fondement de la musique indienne), il faut en profiter…
Écoutons plutôt notre petite démo sur fond de « Ronsard Alabama », ce sera plus parlant et vous entendrez qu’on aurait pu donner bien d’autres couleurs à ce morceau et bien d’autres nationalités à notre vénéré poète !
La « couleur » des différents modes. Démo par Salvéda 2023

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Irène, Alain Souchon, Laurent Voulzy, 2019, tonalité DO majeur

Allez ! De nouveau notre batterie qui joue au train, normal elle nous emmène dans un wagon de marchandises où est assis un homme triste. Irène, c’est une histoire de séparation et il faut dire que nous n’avons pas grand chose d’autre à en dire si ce n’est rappeler ces jolis mots d’Alain Souchon qui décrivent en condensé les amours et les ruptures : « L’amour est voleur les soirs de fêt’ Ell’ a pris son cœur, ell’ est partie avec ».
Irène, Alain Souchon, Laurent Voulzy 2019, extrait
Côté musique, retour aux manettes pour Laurent Voulzy qui compose un beau moment musical de cet album. Une bonne idée d’introduire le morceau par les accords IV (FA) et V (SOL), créant cet effet de surprise quand on découvre la tonalité I (DO) au début du couplet joué en majeur : DO2, FA, SOL, un joli I IV V pour faire western ; et puis vient le refrain un peu plus langoureux, avec passage en mineur, LAm (VIm), MIm (IIIm) terminé par FA (IV) et SOL (V). Si l’harmonie est plutôt habituelle, on remarquera néanmoins, une fois encore, la capacité de Laurent Voulzy à tirer de ces accords plutôt classiques une belle mélodie. Et pour faire la locomotive, l’arpège picking ira très bien…
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On s’ramène les cheveux, Alain Souchon, Pierre Souchon, 2019, tonalité SIb majeur

Le titre est déjà tout un poème ! Intrigant non ? Ça sent le pataphysicien, l’iconoclaste, l’hurluberlu qui s’ramène (les ch’veux ?) ! Alain Souchon a décidé, cette fois avec une petite chanson enjouée, espiègle, de se moquer du temps qui passe et de nos coquetteries, de plaisanter avec l’âge qui arrive alors il nous chante : « On se ramèn’ les ch’veux vers l’avant, les lavant Pour que tout soit comme avant ». Ça nous fait penser à ce film d’Olivier Nakache et Éric Toledano, Tellement proches 2009, où Jean Benguigui (père de Vincent Elbaz et coiffeur d’un certain âge) dépose du talc sur ses épaules avant d’aller en soirée pour faire croire qu’il a des pellicules et donc encore de vrais cheveux. Un truc de coiffeur ! Ce film, comme cette chanson, ce sont donc des comédies qui font sourire plus que rire, et Alain Souchon en profite même pour faire passer un petit poil de nostalgie : « Regarder les photos l’soir de mon voyag’ en Angleterr’ Me met un p’tit cafard capillair’ » ; et de nous raconter aussitôt quelques étapes de cet ancien périple…
On s’ramène les cheveux, Alain Souchon, Pierre Souchon 2019,extrait
Dans la musique, comédienne elle aussi et plutôt country guillerette, on retrouve la slide guitar de Michel-Yves Kochmann (Myk) qui d’ailleurs a pas mal œuvré dans le reste de l’album, autant aux guitares, au bouzouki, au dobro qu’à l’ukulélé. Ici, pas besoin de compliquer, juste 3 accords : SIb (I), FA (V) et MIb (IV) (toujours le fameux I IV V !), qu’on pourra jouer pour plus de facilités : LA (I), MI (V) et RÉ (IV), avec un capo à la première case bien entendu !
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On s’aimait, Alain Souchon, 2019, tonalité LAb majeur

On s’aimait, encore un titre qui en dit long, car pour une raison ou une autre, il signifie qu’on ne s’aime plus…, ou tout du moins plus pareil… C’est, il va de soi, une chanson d’amour bien pudique, à la Souchon : « On s’aimait mais on s’le disait pas Ceux qui s’le disent c’est qu’ils s’aim’ pas ». Mais c’est aussi une chanson où l’on regrette l’amour des premiers temps, l’amour fort ; naturel : « On riait on s’embrassait en vill’ On trouvait que l’amour c’était facil’ » ; l’amour excessif : « On s’envoyait à travers la figur’ Des verr’ d’eau des mots des épluchur’ » ; l’amour exclusif ; sans concession : « On avait liquidé l’surplus Nos famill’ on les voyait plus »… ; « Et puis la vie avec son rouleau » et l’amour qui s’efface peu à peu comme les dernières notes de la chanson…
On s’aimait, Alain Souchon 2019, extrait

Dans « On s’aimait », c’est le chanteur Vincent Delerm qui est au piano pour nous faire un petit ragtime qui n’est pas sans rappeler qu’au temps de l’Art nouveau, d’autres pianistes s’étaient également intéressés à ce genre musical : Darius Milhaud Debussy, Érik Satie et Ravel aussi…
LAb majeur… Aooouh ! Mince, c’est bien de « Grande » musique ! Mais non, restez calmes chers guitaristes et plutôt que de jouer LAb, RÉb et MIb, mettez donc un capo à la quatrième case et grattez MI, LA, SI. Encore un I IV V, et c’est Chuck Berry qui va être content ! Pour ce genre rag, l’arpège picking (encore elle) qui alterne les basses va faire merveille !
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Ouvert la nuit, Alain Souchon 2019
« Ouvert la nuit » clôt ce dernier album en fanfare. Nous, les orphéons municipaux (qui jadis étaient des chorales d’hommes), le jazz New Orleans, on aime moins alors, pour une fois, on vous laisse vous débrouiller car nous aussi, dans les lumières de la nuit, on part chanter, danser et peut-être faire la fête…
